MULTIPLE PHOTOSAvec comme N.2 une femme venant de l'ONU, la Fifa veut redorer son image
La Fifa, qui a désespérément besoin de redorer son image, a nommé vendredi au poste de secrétaire générale une femme, issue du continent africain et diplomate à l'ONU, pour mener les indispensables réformes, mais celle-ci arrive sans expérience du monde du sport.
Un an après le déclenchement du pire scandale de l'histoire de la Fifa, la tâche de la Sénégalaise Fatma Samba Diouf Samoura, 54 ans dont 21 au sein des Nations Unies, s'annonce difficile avec des tensions qui apparaissent déjà.
Ainsi, dès samedi, Domenico Scala, le président de la commission d'audit et de conformité, a démissionné pour protester contre l'adoption la veille d'une mesure remettant en cause, selon lui, l'indépendance de certains organes de l'institution chargés notamment d'enquêter sur des membres.
Diplômée en langues à Lyon et en relations internationales à Strasbourg, Mme Samoura, première femme secrétaire générale de la Fifa, a occupé divers postes de responsabilité pour le Programme alimentaire des Nations unies au Cameroun, à Madagascar ou à Djibouti.
La nomination d'une femme dans un univers extrêmement masculin et qui n'a encore aucune expérience d'une grande organisation sportive peut surprendre. Mais pour Gianni Infantino, le président de la Fifa élu en février, elle est "la personne la plus compétente pour diriger l'administration de la Fifa".
"Son CV parle pour elle, et en plus elle aime le football, comme son mari", a souligné l'Italo-Suisse.
La Sénégalaise veut "aider le football à retrouver son image, écornée par les scandales", a-t-elle expliqué samedi à l'AFP.
"La Fifa, ce sont les Nations Unies du football et j'apporte mes 21 ans d'expérience dans le privé et à l'ONU en termes de bonne gouvernance et de transparence et d'obligation de rendre compte, aussi bien au niveau des fédérations qu'à celui de la Fifa", a-t-elle poursuivi.
- Chargée de crises humanitaires -
Actuellement en poste à Abuja, au Nigeria, elle succédera à la mi-juin au Français Jérôme Valcke, écarté de ses fonctions en septembre, licencié puis suspendu 12 ans par la Fifa, notamment pour son implication dans un trafic de billets pour le Mondial brésilien.
Presque un an après les arrestations à Zurich (Suisse) de plusieurs hauts responsables du football mondial, à la demande de la justice américaine, prémices du plus gros scandale de l'histoire centenaire de la Fifa, Mme Samoura va devoir mener un chantier compliqué: mettre en application les réformes adoptées en février et qui promettent plus de transparence, d'intégrité ainsi qu'une meilleure gouvernance.
Pour le Sud-Africain Tokyo Sexwale, ancien candidat à la présidence de la Fifa, "la question n'est pas tant que Mme Samoura soit africaine ou une femme, mais surtout qu'elle soit compétente. Elle a travaillé au sein du systèmes des Nations Unies et elle comprend ce qu'on demande à un responsable de ce niveau".
- Déjà une démission -
"De plus, sa nomination envoie un message fort selon lequel la Fifa est sensible à l'égalité hommes-femmes et à la diversité", ajoute-t-il, interrogé par l'AFP.
Pour l'Australienne Moya Dodd, membre du conseil de la Fifa, que la nouvelle N.2 n'ait aucune expérience du monde du football n'est pas un handicap car "la Fifa est une organisation aux nombreuses dimensions et elle apporte des dimensions qui n'existent pas aujourd'hui à la Fifa".
Mais même si Infantino veut croire que "la crise est finie", le chantier est immense. Outre les enquêtes des justices américaine et suisse qui se poursuivent, des tiraillements apparaissent déjà.
Ainsi, le président de la commission d'audit et de conformité, Domenico Scala, a claqué la porte samedi, après l'adoption par le congrès réuni à Mexico d'un amendement qui transfère au gouvernement de la Fifa le pouvoir de nommer ou démettre les membres de plusieurs commissions qui ont joué un rôle essentiel dans la suspension notamment de Sepp Blatter et Michel Platini, "ce qui prive ces organes de leur indépendance" et "détruit l'un des acquis essentiels de la réforme".
Avec cette décision, il est possible pour le conseil, présidé par Gianni Infantino, "d'entraver des enquêtes contre des membres à tout moment, en démettant de leurs fonctions les membres des commissions ou en s'assurant de leur approbation à travers la menace de les renvoyer", dénonce encore M. Scala.