Bleus 2016: le coup de "Grizou"
C'est l'histoire d'une déflagration: Antoine Griezmann est devenu en 2016 l'atout offensif N.1 de l'équipe de France, à la place d'un Karim Benzema relégué aux chroniques judiciaires, et même davantage; c'est devenu un joueur de classe mondiale.
La détonation a retenti deux fois. D'abord dans le monde des Bleus: à la mi-temps de France-Eire en 8e de finale de l'Euro, Didier Deschamps décidait de transmuer son 4-3-3 traditionnel en 4-2-3-1 afin de recentrer Griezmann, plus libre, en soutien de l'avant-centre. Et le gaucher inscrivait le doublé renversant les Irlandais (2-1).
L'équipe de France avait perdu Franck Ribéry sur blessure avant le Mondial-2014 et Karim Benzema avant l'Euro, en raison de sa mise en examen dans l'affaire du chantage à la sex-tape exercé sur Mathieu Valbuena. "Grizou", comme le surnomment certains de ses coéquipiers, ou "Grizi", comme il préfère qu'on l'appelle, s'est emparé du relais, à 25 ans.
"Il est notre leader offensif, notre leader d'attaque, il respire le foot", a acté début octobre le sélectionneur, qui vise la Coupe du monde 2018 en Russie.
Depuis le coup de l'Eire, "DD" façonne son secteur offensif autour du joueur de l'Atletico Madrid (39 sélections, 14 buts), avec succès, puisqu'il a fini meilleur buteur et meilleur passeur en équipe de France en 2016, avec 8 buts (ex-aequo avec Olivier Giroud) et 6 offrandes.
- Neuer écoeuré -
Pas question pour Deschamps de cantonner sa pépite sur une aile comme depuis sa première sélection en mars 2014, préfigurant une lente maturation, longtemps meilleur en joker qu'en titulaire. La question, désormais, est d'établir quels joueurs graviteront autour de lui. Et la "2G" se connecte presque indifféremment avec Giroud ou Kevin Gameiro en pointe, un peu moins en cette fin d'année avec André-Pierre Gignac, non convoqué en novembre.
Ce frêle blondinet est vite devenu le chouchou du public français, qui apprécie sa fraîcheur et son profil consensuel de bon camarade, quand son prédécesseur dans le rôle de leader technique, Benzema, apparaissait plus clivant. Il arrive même en 6e position du traditionnel classement des personnalités préférées des Français établi par le JDD.
La fameuse virée nocturne de cinq Espoirs à l'automne 2013, qui avait valu au post-adolescent une année de suspension de toute sélection nationale, est bien lointaine, mais pas son caractère primesautier.
L'explosion Griezmann a pris une autre ampleur en demi-finale de cet Euro, lorsque le N.7 battait deux fois Manuel Neuer et permettait aux Bleus de vaincre leur bête noire, l'Allemagne (2-0), qui était devenue championne du monde en les éliminant au passage en quart de finale du Mondial-2014 (1-0).
L'Europe du foot connaissait déjà Griezmann, qui avait porté l'Atletico Madrid jusqu'en finale de la Ligue des champions; le grand public du continent découvrait un gabarit léger doté d'une technique fine, d'une vitesse d'enchaînement, avec une efficacité propre à écoeurer jusqu'à la grande Mannschaft, avec cependant le bémol d'une finale en demi-teinte (défaite 1-0 a.p. face au Portugal).
- Sur le podium du Ballon d'Or ? -
"Je veux m'asseoir à la même table que Messi et Cristiano Ronaldo", a-t-il dit plusieurs fois: et l'explosif Mâconnais d'origine a effectivement de sérieuses chances de monter sur le podium du Ballon d'Or 2016 aux côtés des deux monstres, après avoir été le dauphin de CR7 au prix du meilleur joueur UEFA 2015-2016.
Certes, il n'a pas gagné de trophée collectif, avec deux places de vice-champion d'Europe en club et en sélection. Mais il a raflé plusieurs titres individuels, comme celui de meilleur joueur du Championnat d'Espagne 2015-2016 et surtout celui de meilleur joueur de l'Euro, dont il fut le buteur N.1 (6 réalisations).
C'est sous la houlette du très exigeant Diego Simeone qu'il est allé au charbon et a trouvé son meilleur poste, en neuf et demi.
"Quand nous l'avons placé comme deuxième attaquant, beaucoup de gens l'ont critiqué en disant qu'il devait rester ailier. Moi, je voyais qu'il était capable de trouver des diagonales, de marquer des buts et d'être rapide", s'était félicité l'entraîneur de l'"Atleti" fin septembre. "Il a progressé, notamment physiquement, et aujourd'hui il parvient à lire le jeu de manière admirable".
"Grizou" en 2018, chercheur d'or en Russie ?