Euro-2016: Griezmann-Giroud, les lois de l'attraction
La belle promesse. Le repositionnement d'Antoine Griezmann tout près d'Olivier Giroud en seconde période face à l'Eire (2-1) a tout changé pour l'équipe de France, et démontré à quel point ce duo gagne en complémentarité dès lors qu'il occupe l'axe.
Les deux buts en trois minutes de Griezmann ont évidemment fait la différence pour terrasser les Irlandais. Mais son association rapprochée avec Giroud, qui a remisé sa tenue de finisseur pour celle du passeur, décisif, a été une des clés du succès tricolore.
Dans leur sillage, les Bleus, si mal embarqués après le penalty précoce de Brady, ont ainsi développé un jeu offensif bien plus inspiré et percutant lors de ces 45 dernières minutes qu'au cours des 315 précédentes dans le tournoi.
Outre l'urgence qui imposait aux joueurs de devoir vite se ressaisir après une première période "où on ne pouvait pas faire pire" selon le joueur de l'Atletico, c'est le réajustement tactique opéré par Didier Deschamps à la mi-temps et notamment le replacement de "Grizzi" autour de Giroud qui a fait office de déclic.
"Le coach a su trouver les mots et a réussi le changement qu'il fallait, avec Antoine en deuxième attaquant autour d'Olivier. C'est une décision qui a changé le match", saluait André-Pierre Gignac après la rencontre, "sans vouloir jouer le lèche-botte".
- 'Je me suis lâché' -
Alors que les joueurs se sont "dit les choses" dans le vestiaire à la pause, Griezmann a plutôt évoqué sa "discussion avec le coach", lundi en conférence de presse à Clairefontaine. Sans préciser si elle a eu lieu au même moment ou bien avant ce match.
Ce qui change peu les choses au fond, puisque le sélectionneur l'a finalement écouté: "Il m'a demandé où je me sentais le mieux. Je lui ai répondu que je jouerai là où il a besoin de moi, que ce soit à droite ou dans l'axe je donnerai le maximum. Mais l'axe c'est là où j'ai mes repères où je me sens mieux".
"Plus près de la surface, je me suis lâché. Dans l'axe, j'étais vraiment libre", a insisté l'attaquant de 25 ans. "Libre" pour ne pas dire libéré, tant il a pu faire la démonstration de son talent dans une zone qu'il affectionne, tout près de l'attaquant de pointe.
La réussite de Griezmann tient beaucoup à la performance exemplaire à ses côtés d'Olivier Giroud. Dans un match particulièrement difficile, où les vertus de combat comptaient autant que la justesse technique, l'avant-centre de 30 ans a montré toute sa maturité actuelle. Il n'y a pas si longtemps, la frustration d'avoir si peu de ballons exploitables, comme ce fut le cas en première période, l'aurait peut-être fait sortir du match.
- 'Il sait que je vais remiser' -
Au lieu de quoi, Giroud s'est accroché pour aider l'équipe. Sur son deuxième but, Griezmann, plus habitué à donner des caviars qu'à en recevoir, a ainsi hérité de la parfaite remise du Gunner, pourtant déséquilibré par son garde du corps irlandais sur l'action.
"Avec +Grizzi+ entre les lignes, on s’est bien trouvés. Sur le but, il sait que je vais remiser", expliquait Giroud sur TF1. Ce que l'ancien Montpelliérain décrit comme une évidence, tient autant à l'inspiration du moment qu'à la complémentarité naturelle entre les deux joueurs.
"L'entente entre nous est simple: j'essaie de le chercher sur les longs ballons pour qu'à la retombée on fasse un une-deux par exemple. Quant à moi, j'essaie de lui adresser un centre, de le mettre dans les bonnes conditions", a ainsi résumé l'attaquant de l'Atletico Madrid.
Après avoir vainement donné l'opportunité à Paul Pogba de mieux s'exprimer, en déplaçant Blaise Matuidi à droite du milieu de terrain, Deschamps a autant de raisons, sinon plus, d'accorder à Griezmann le droit de jouer dans sa zone préférentielle près de Giroud.