Euro-2016: le gardien français Lloris, taillé pour le costume du héros ?
Hugo Lloris va battre le record de capitanat (55 matches) chez les Bleus contre l'Eire en 8e de finale de l'Euro. Mais la France veut surtout qu'il imite Michel Platini et Didier Deschamps, sacrés à domicile avec ce brassard à l'Euro-1984 et au Mondial-1998.
Lloris a-t-il l'étoffe pour porter celle du brassard? La question a été tellement posée. Ca fait quatre ans sans discontinuer qu'il remplit cette fonction, mais le gardien ne se contente pas de cette réponse. "Pour moi, le capitaine c'est celui qui assume pleinement ses responsabilités sur le terrain et en dehors. Le plus important c'est d'être accepté et respecté au sein du groupe", expliquait-il à France Football juste avant le tournoi.
Cette semaine, le président de la Fédération, Noël Le Graët en a remis une couche: "Hugo est un homme d'une grande humanité, sérieux, rigoureux. Il est respecté, mais alors totalement, par les 22 joueurs autour de lui, par le staff et le dirigeant que je suis".
Quant à la personnalité réservée du Niçois qui ne correspondrait pas à la fonction, le patron du foot français, qui en sait un rayon sur la question, a pris soin de définir la tâche: "Pour être un meneur d'hommes il ne suffit pas de hurler, il faut être respecté. Quelqu'un qui dit des mots censés, peu de mots mais qui sont justes et qui respecte son partenaire, c'est un bon capitaine".
- "Leader d'exemplarité" -
L'entraîneur des gardiens de l'équipe de France, Franck Raviot, interrogé par l'AFP, abonde: "un capitaine, c'est un leader d'exemplarité, un leader technique. Qui apporte toute sa lucidité, son discernement. Etre leader ce n'est pas être aboyeur, c'est montrer l'exemple. C'est montrer le bon chemin à emprunter. C'est ce que fait Hugo".
L'unanimisme est donc de rigueur pour celui qui honorera face aux Irlandais sa 79e sélection à 29 ans seulement.
Dimanche à 15H00 sur la pelouse du flambant neuf Parc OL qu'il n'a jamais encore foulée, l'ancien pensionnaire de Gerland (2008-2012) va donc entrer dans l'histoire de l'équipe de France. En dépassant rien de moins que son sélectionneur actuel Didier Deschamps (54 matches), après avoir doublé auparavant Michel Platini (50).
Au hasard, les deux plus glorieux capitaines à avoir à ce jour porté l'équipe de France aux sommets. Européen pour Platini en 1984, en France déjà, mondial et également européen pour Deschamps en 1998 et 2000.
Marcher sur les pas de ces deux incarnations de la victoire faite France, tel est le défi de Lloris dans ce championnat d'Europe joué à la maison. Le gardien de Tottenham se doutait bien qu'il battrait ce record, mais pour qu'il ait une valeur unique il faut qu'il mène à la victoire finale le 10 juillet prochain.
- Parmi les grands ? -
Or "il faut un grand gardien pour gagner des titres", assurait Oliver Khan, l'ancien portier de l'équipe d'Allemagne, sur le site fifa.com en novembre 2015.
Depuis six ans que Lloris est l'indiscutable gardien numéro un français, la seule réserve qui perdure est: peut-il devenir l'égal des montres du poste passés ou présents comme Casillas, Buffon ou Neuer ?
Il s'en était fallu de quelques millimètres sur le coup de tête canon de l'Allemand Mats Hummels en quart de finale du Mondial-2014 (1-0) pour que Lloris franchisse ce cap. Dans un match Manuel Neuer avait lui gardé la main ferme devant Karim Benzema. Peut-il combler cette infime distance ?
Jusqu'à présent, il a peu eu l'occasion d'être décisif, sinon sur un arrêt important, sur sa ligne contre les Roumains. Mais c'était en match de groupe. A partir de dimanche, ce sera sans filet. Et Lloris devra donner raison à Mauricio Pochettino, son entraîneur à Tottenham: "il est au sommet de sa carrière. Il fait partie des trois meilleurs gardiens du monde".