Euro-2016: le sulfureux Chpryguine de retour en France... et en garde à vue
Ce supporter russe est décidément encombrant: l'ultranationaliste Alexandre Chpryguine est revenu en France après avoir été expulsé samedi et a été interpellé lundi soir dans le stade de Toulouse, où a lieu le match de l'Euro-2016 Russie - pays de Galles.
"Interpellé dans le stade, Alexandre Chpryguine a été placé en garde à vue et sa situation va faire l'objet soit d'un traitement administratif, soit d'une procédure judiciaire", a déclaré à l'AFP Pierre-Henry Brandet, porte-parole du ministère de l'Intérieur.
Président de l'association des supporters russes, Chpryguine avait peu auparavant affirmé à l'AFP être dans le stade où se joue la rencontre. Il a en outre publié sur son compte Twitter des photos et des vidéos à l'appui de ses déclarations.
"J'ai seulement été expulsé, mon visa Schengen n'a pas été annulé, tous les tampons sont là. Je peux légalement me trouver en Union européenne. Je suis au match avec un billet. Il n'y a rien d'anormal", a-t-il déclaré au téléphone à l'AFP avant d'être interpellé.
Chpryguine faisait partie d'un groupe de 20 supporteurs expulsés à la suite des violences en marge d'Angleterre - Russie à Marseille qui avaient fait 35 blessés, essentiellement anglais.
Les 20 expulsés avaient nié avoir pris part aux violents incidents mais avaient fait l'objet d'un d'arrêté de reconduite à la frontière pour "troubles à l'ordre public". Trois autres Russes de ce groupe ont été condamnés à de la prison ferme.
Vingt interdictions administratives de territoire (IAT, qui permettent d'empêcher un étranger d'entrer en France) ont été délivrées lundi à l'encontre de ressortissants russes dans le cadre de l'Euro, a indiqué le ministère de l'Intérieur, sans préciser si ces vingt Russes étaient Chpryguine et ses compagnons.
- "Ombre de la nuit" -
"Parmi ceux qui ont été expulsés, quatre sont revenus" en France, a également déclaré Chpryguine à l'AFP en assurant avoir "fait le chemin à travers les Alpes", donc via la Suisse.
Sur son compte Twitter, il a publié des photos qui le montrent affublé d'un chapeau et de lunettes de soleil, devant le stade de Toulouse ou au bord du terrain.
Il fait en outre un selfie avec deux autres hommes, accompagné de cette légende: "Devant le stade municipal de Toulouse, j'ai rencontré les consuls de Marseille dont je suis devenu très proche".
A peine atterri à Moscou après son expulsion samedi, Chpryguine avait manifesté son souhait de revenir en France avant la fin de l'Euro.
Il avait affirmé avoir des billets pour le match de Toulouse.
Collaborateur du député Igor Lebedev, membre du parti d'extrême droite LDPR, Chpryguine a déjà été vu en compagnie du président russe Vladimir Poutine. Il a aussi été photographié par le passé en train de faire un salut nazi en compagnie d'un musicien d'un groupe de rock d'extrême droite russe. Il réfute être un sympathisant nazi et se qualifie de "patriote".
Cette histoire rocambolesque occulte les enjeux sportifs, pourtant bien réels dans ce groupe B pour les 8e de finale, ouverts aux deux premiers de poules ainsi qu'aux quatre meilleurs troisièmes.
- "Globalement positif" -
Depuis dimanche et jusqu'à mercredi se déroule en effet la dernière série de rencontres dans chaque groupe. D'ici mercredi soir, les 24 équipes de l'Euro auront disputé leur troisième et dernier match du premier tour, avant qu'on ne bascule vers les 8e et la phase d'élimination directe.
Chaque match de la Russie sent le soufre depuis les violences de ses hooligans à Marseille en marge de son match contre l'Angleterre. D'autres heurts, de bien moindre ampleur, avaient eu lieu à Lille mercredi en marge de Russie-Slovaquie.
Russie - pays de Galles a été reclassé au "niveau 3" sur 4 en raison des risques de hooliganisme. Un dispositif de sécurité renforcé a été mis en place jusqu'à mardi, avec 600 policiers et gendarmes supplémentaires en sus des 1.500 déjà mobilisés sur les matches précédents.
Des policiers russes et gallois sont aussi présents alors qu'environ 10.000 supporters de chaque équipe étaient attendus, dont "150 ultras", "essentiellement russes", selon la préfecture.
Après dix jours de tournoi, les ministres de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, et des Sports, Patrick Kanner, ont dressé lundi matin un bilan "globalement positif" de la sécurité de l'Euro-2016: jusqu'à présent 557 personnes ont été interpellées, dont 344 placées en garde à vue et 27 condamnées à de la prison (21 sont des peines fermes).