Euro-2016: l'Espagne, monstre gentil sur l'île aux enfants

Des monstres sacrés acclamés par des gamins transis: dans une ambiance de kermesse, les stars de l'équipe d'Espagne ont reçu un accueil triomphal jeudi pour leur premier entraînement à l'île de Ré (Charente-Maritime), leur camp de base pour l'Euro-2016.

"Iniesta! Iniesta! Ramos! Ramos!": à l'applaudimètre, ce sont les capitaines respectifs du FC Barcelone et du Real Madrid qui emportent tous les suffrages dans le petit stade champêtre de Saint-Martin-de-Ré.

Quelque 800 jeunes supporteurs se sont massés dans les tribunes, notamment des élèves du collège voisin et des jeunes du club de football local, l'AS Rétaise (ASR). Et, fous d'enthousiasme, les enfants scandent les noms de leurs héros, heureux d'approcher au plus près la sélection double championne d'Europe en titre, arrivée sur l'île mercredi soir.

"C'est une grande fierté de pouvoir amener les enfants voir leurs idoles, leurs stars", explique à l'AFP Henri Clot, 33 ans, entraîneur de l'équipe des 9-10 ans de l'ASR. "Ce sont des souvenirs qui vont rester gravés à tout jamais, cela ne nous arrivera qu'une fois dans notre vie."

Drapeau espagnol peint sur les joues, maillots du Barça ou de la "Roja" sur le dos, les jeunes supporters n'en perdent pas une miette. Certains, gourmands, piochent dans les barquettes de frites qui circulent dans les travées.

- Applaudissements nourris -

La séance débute par un échauffement sous forme de "toro" (jeu en cercle avec un joueur courant derrière le ballon au centre) avant que les Espagnols ne se réunissent au milieu du terrain, bras dessus, bras dessous, pour quelques mots d'encouragement.

Ensuite, place au travail pour les 23 Espagnols, à quatre jours de leur premier match dans le groupe D de la compétition, face à la République tchèque lundi à Toulouse.

Le sélectionneur Vicente del Bosque, promenant sa moustache débonnaire, dirige la séance. Un petit match s'organise et les spectateurs ponctuent les buts et les gestes techniques d'applaudissements nourris.

A la fin de la séance, Sergio Ramos s'attire les vivats lorsque, d'une tentative depuis le centre du terrain, il parvient adroitement à expédier le ballon sur la transversale de la cage.

La pelouse, entièrement refaite pour l'Euro, semble être à la hauteur des exigences espagnoles. Dans une île qui compte seulement 15.000 résidents, la mise aux normes des installations a représenté un investissement conséquent de 100.000 euros, seulement remboursé en partie par l'UEFA.

- 'Ils ont pleuré de joie' -

Mais l'enthousiasme des jeunes Rétais face à leurs idoles n'a pas de prix. Et des clameurs enthousiastes accompagnent la distribution de ballons par les joueurs espagnols.

Aux cris de "Viva España" succèdent néanmoins les "Allez la France", signe d'un dilemme en perspective si les deux sélections venaient à s'affronter pendant le tournoi. "Si l'Espagne joue contre la France, je soutiens l'Espagne", tranche Aïronn Oliveira, 10 ans, l'un des 180 licenciés de l'ASR.

Le stade, trop petit, n'a pu accueillir tous les spectateurs désireux d'assister à cet entraînement. Plusieurs supporteurs espagnols, venus s'enquérir aux grilles du complexe sportif, sont repartis bredouilles.

Henri Clot, malicieux, s'est servi de cette carotte pour motiver ses jeunes joueurs: "Je leur ai fait peur parce que je leur ai dit qu'on n'avait pas de place au départ. Ils ont tous fait la tête. Et puis après le tournoi qu'on a fait la semaine dernière, vu qu'ils ont eu de bons résultats, je leur ai annoncé la bonne nouvelle", raconte-t-il. "Il y en a même deux ou trois qui ont pleuré de joie."