Fifa: Blatter confiant, Poutine le voit en prix Nobel
Joseph Blatter, président démissionnaire et suspendu de la Fifa, s'est montré confiant après avoir été entendu pendant environ 8 heures jeudi par les juges de son instance, à Zurich, recevant même un soutien surprise de Russie puisque Vladimir Poutine le voit en prix Nobel de la Paix.
Blatter est reparti vers 17h00 (16h00 GMT) de "sa" Fifa, dont il était président depuis 1998, comme il était venu, dans sa Mercedes noire, sans dire un mot, après une audition débutée vers 9h00 (8h00 GMT).
Mais le service de presse de ses avocats américains a dégainé un communiqué une heure plus tard : "Le président Blatter attend une décision en sa faveur. La preuve a été faite que le président Blatter s'est comporté comme il le fallait et n'a certainement pas violé le code d'éthique de la Fifa. Cette enquête devrait se refermer et la suspension devrait être levée".
Un coup de bluff ? Le verdict est attendu à partir de lundi. Blatter, âgé de 79 ans, doit répondre du fameux paiement controversé de 1,8 M EUR à Michel Platini en 2011, qui pourrait valoir une radiation à vie aux deux hommes.
Mais la phrase choc de la journée est venue, pendant son audition, de... Russie ! Vladimir Poutine a lancé lors de sa conférence de presse annuelle : "La contribution de Joseph Blatter dans le domaine humanitaire est colossale. Voilà la personne à qui il faut donner le prix Nobel de la Paix".
A sa sortie d'audition, difficile de lire quelque chose sur le visage fermé de Blatter, apparu avec un énorme pansement sous l'œil droit, assis à l'arrière de sa voiture, une mystérieuse poupée en peluche à ses côtés. Le Valaisan était accompagné de son avocat, son compatriote suisse Lorenz Erni, qui n'a pas dit un mot non plus à la vingtaine de journalistes présents.
Blatter, réélu au printemps une cinquième fois avant d'annoncer dans la foulée qu'il allait remettre son mandat lors d'un congrès électif le 26 février prochain devant les scandales à répétition frappant son instance, est suspendu provisoirement depuis le 8 octobre et jusqu'au 5 janvier.
- ' Inquisition ' -
Cette mesure disciplinaire est tombée quelques jours après l'ouverture de procédures judiciaires en Suisse à son encontre pour ce paiement à Platini, mais aussi parce qu'il est soupçonné d'avoir signé un contrat de droits TV présumé déloyal envers la Fifa concernant les Coupes du monde 2010 et 2014.
Blatter, qui a toujours clamé son innocence, a occupé le terrain ces derniers jours en multipliant les apparitions médiatiques, dénonçant une "inquisition" après les propos d'Andreas Bantel, porte-parole de la chambre d'instruction de la commission d'éthique.
Ce dernier avait lâché vendredi au journal L'Equipe : "Platini va sûrement être suspendu plusieurs années, et en ce qui concerne Blatter, il n'y a pas de différence entre une suspension de quelques années ou une suspension à vie". Bantel avait par la suite précisé que la publication de cette interview était "non autorisée".
- Boycott de Platini -
Cette même chambre de jugement de la commission d'éthique avait prévu d'entendre Platini vendredi. Mais le Français âgé de 60 ans a décidé de ne pas s'y rendre et sera représenté par ses avocats. L'ancien capitaine de l'équipe de France estime que "le verdict a déjà été annoncé dans la presse par un des porte-parole" (Bantel, ndlr) de la justice interne de la Fifa, au "mépris de la présomption d'innocence".
Ce boycott vise à "signifier sa plus profonde indignation" face à une procédure que l'ex-star de la Juventus considère comme "uniquement politique et visant à l'empêcher de se présenter à la présidence de la Fifa".
Blatter n'aspire officiellement qu'à bien achever sa présidence, tandis que pour Platini, qui brigue sa succession mais dont la candidature est de fait gelée, le calendrier est serré puisque le dépôt des candidatures est fixé au 26 janvier au plus tard.
Dans le cadre de la vaste opération anticorruption lancée par la justice américaine, la Suisse a par ailleurs bloqué plus de 46 M EUR sur des comptes bancaires à la demande des Etats-Unis, selon le journal zurichois Tages Anzeiger.