Fifa: cheikh Salman, sérieux prétendant à la succession de Blatter
Fan de Manchester United, ancien homme d'affaires et membre de la famille royale de Bahreïn, cheikh Salman ben Ibrahim al Khalifa est un prétendant de poids à la présidence de la Fifa, malgré les accusations récurrentes le visant sur le thème des droits de l'Homme.
Président tout-puissant de la Confédération asiatique (AFC) depuis 2013 et vice-président de la fédération internationale depuis 2015, il espère arriver au sommet de la planète football lors de l'élection prévue vendredi à Zurich, ce qui serait une première pour son continent.
A 50 ans, cheikh Salman fait plus que son âge avec ses cheveux gris et sa fine moustache presque blanche. Il a la réputation d'un homme discret, ferme et déterminé. Sa soeur est l'épouse du souverain de Bahreïn, petit royaume du Golfe proche de l'Arabie saoudite.
Soutenu officiellement par les grosses confédérations d'Asie et d'Afrique, cheikh Salman est donné favori avec l'Italo-Suisse Gianni Infantino, numéro 2 de l'UEFA, pour succéder à Joseph Blatter, suspendu pour 8 ans pour gestion déloyale.
Et ses chances sont bien réelles depuis le retrait de la candidature du président de l'UEFA, Michel Platini, suspendu comme Blatter pour 8 ans.
- 'Entre Infantino et moi' -
Le Bahreïni avait dans un premier temps accordé son soutien au Français, au nom de l'AFC. Mais les malheurs de l'ex-capitaine de l'équipe de France ont changé la donne.
"Je suis confiant et optimiste. De mon point de vue, tout va mieux que bien", déclarait le 31 janvier à l'AFP cheikh Salman. Ce sera "entre moi et lui", ajoutait-il à propos de Gianni Infantino.
Dans son manifeste, il a promis "une refonte complète de l'organisation et l'introduction de mécanismes de contrôle rigoureux qui permettront de relancer la Fifa dans son ensemble".
Cheikh Salman a clairement profité de la déchéance de son grand rival, le Qatari Mohammed Bin Hammam, banni à vie en 2011 pour corruption de toute activité liée au football. En mai 2013, le Bahreïni s'était facilement imposé à la tête de l'AFC, qui compte 46 fédérations.
- 'Affreux mensonges' -
Ses liens avec l'influent cheikh koweïtien Ahmad al-Fahad Al-Sabah, membre du Comité international olympique, du Comité exécutif de la Fifa et considéré comme un faiseur de rois à la Fédération internationale de football, sont de sérieux atouts.
En dépit d'un statut de co-favori, cheikh Salman part avec un handicap: les critiques récurrentes pour son implication supposée --qu'il réfute-- dans la répression du soulèvement chiite de 2011 à Bahreïn.
"D'affreux mensonges", a-t-il toujours répondu, face aux personnes lui reprochant de ne pas avoir protégé des sportifs bahreïnis inquiétés après avoir participé aux manifestations.
Longtemps soutien indéfectible de Sepp Blatter, cheikh Salman a étudié la comptabilité à Londres, avant d'obtenir des diplômes d'histoire et de littérature anglaise dans son pays et de se lancer ensuite dans les affaires (construction, immobilier, import-export).
Ce n'est qu'en 1998 qu'il intègre la Fédération de football de Bahreïn en tant que vice-président. Il en devient président en 2002.
Sa première tentative pour un siège au comité exécutif de la Fifa est un échec en 2009, face à Bin Hammam, mais il a su profiter des avanies du Qatari pour avancer ses pions, avant d'être réélu par acclamation en avril 2015 pour 4 ans lors du Congrès de l'AFC.
Homme à poigne, il avait à cette occasion montré toute son autorité en refusant d'accorder la parole au patron du football sud-coréen qui souhaitait contester les votes, notamment celui ayant décerné un siège au CE de la Fifa au Koweïtien Ahmad al-Fahad al Sabah.
Né le 2 novembre 1965 à Londres, cheikh Salman assume aussi dans son pays les fonctions de secrétaire général du Conseil supérieur de la jeunesse et de vice-président du Comité olympique local.