Lens (L2): désormais sous la coupe du fonds Solferino associé à l'Atletico Madrid
"La fin du tunnel", "une grande nouvelle pour le club": Gervais Martel, le président de Lens (Ligue 2) a salué lundi avec enthousiasme la reprise du club par la société luxembourgeoise Solferino, à hauteur de 65% du capital, associé à l'Atletico Madrid (35%).
Preuve du passage de témoin dans l'ancien bassin minier: même si Gervais Martel reste président, c'est l'Espagnol Ignacio Aguillo, en charge du développement à l'international de l'Atletico Madrid, qui a monopolisé la parole lors de la conférence de presse tenue pour annoncer l'approbation donnée par le tribunal de commerce de Paris à la reprise du club.
Lens a donc soldé les trois années de l'ère Hafiz Mammadov, homme d'affaires azerbaïdjanais qui détenait 99,9% du capital du club depuis 2013 et l'avait sauvé en injectant la bagatelle de plus de 20 millions d'euros. Sauf que l'argent n'arrivait plus.
Ainsi, le club Sang et Or se voit fiancé avec ce qui se fait pratiquement de mieux sur le plan sportif au niveau européen: l'Atletico Madrid, qui se prépare à disputer la prestigieuse finale de la Ligue des champions samedi contre le Real Madrid.
L'Atletico détiendra 35% du capital du RC Lens tandis que Solferino en aura 65%, a détaillé M. Aguillo, ancien de BNP Paribas, basé à Londres, et qui a reconnu n'avoir vu "aucun match" cette saison à Bollaert. Son associé, le Français Gilles Fretigné, dirigeant du fonds d'investissement britannique Amber Capital UK, qui détient notamment des participations minoritaires dans plusieurs entreprises de premier plan comme le groupe de médias Prisa, Parmalat, Gameloft ou Nexans, ne s'est, lui, pas déplacé lundi au pied des terrils.
- Prix de cession: 660.000 euros -
Question finance, les nouveaux propriétaires ont dit avoir injecté 5,6 millions d'euros, consignés à la Caisse des dépôts et consignations (CDC), 660.000 euros correspondant au prix de cession et le reste permettant une augmentation du capital pour boucler la trésorerie.
Mais il reste quelques écueils à franchir pour le club artésien, avec le passage mardi devant la Direction nationale du contrôle financier (DNCG) et l'approbation requise du rachat par le conseil d'administration du club espagnol lors d'une assemblée générale.
En conférence de presse, M. Aguillo a par ailleurs refusé de donner les noms des "cinq investisseurs", soulignant que ces gens "n'aimaient pas la publicité". Silence radio également au sujet du budget de l'an prochain et de la partie sportive.
Mais qu'est-ce qui peut pousser un club aussi en pointe que l'Atletico Madrid à s'intéresser à un club comme Lens, certes prestigieux -- créé en 1906, le RC Lens a été champion de France en 1998 et a remporté à deux reprises la Coupe de la Ligue (1994, 1999) -- mais qui n'a terminé que 6e de Ligue 2 ?
- Objectif Ligue 1 -
"Tant les investisseurs que l'Atletico ont bien compris que le club aujourd'hui sous-performe en L2. C'est un club qui, du fait de la base de supporters, de la qualité des salariés, de la qualité des joueurs et des installations, mérite d'être en L1", a souligné M. Aguillo, qui se présente comme un "cher ami" de Mammadov.
Il est vrai que Lens a quelques atouts dans sa manche: son stade Bollaert connu pour la ferveur et la fidélité de ses supporters, qui s'apprête à accueillir l'Euro-2016 de football (10 juin-10 juillet), et son superbe centre d'entraînement de La Gaillette.
L'Atletico est "un club populaire qui nous correspond", a souligné M. Martel.
Mais, aussi, l'Atletico souhaite poursuivre le développement de sa marque et "apporter de la valeur", plus précisément "là où des clubs en difficulté ont un projet à développer", a expliqué M. Aguillo dans un excellent français.
Avec comme promesse "d'apporter les compétences sportives de l'Atletico" et de remonter en L1, "un objectif clair", a souligné le nouvel homme fort du club, qui a tout de même assuré que le "boss" restait "M. Martel".