Mondial-2006: l'Allemagne attend des réponses aux soupçons de corruption
L'Allemagne attend des premières réponses vendredi sur les allégations de corruption qui entachent depuis des mois "son" Mondial-2006, avec la publication du rapport d'enquête interne du cabinet d'avocats Freshfields, spécialisé dans le droit des affaires.
L'enquête, mandatée par la Fédération allemande de football (DFB), doit apporter des éléments de réponse à la question majeure: ce Mondial, resté dans les mémoires comme le "conte de fée" de l'été 2006, avait-il été acheté grâce à un virement douteux de 6,7 millions d'euros ?
Les conclusions de l'enquête du cabinet d'avocat doivent être d'abord présentées aux 45 membres du Comité de la DFB à Francfort, avant la tenue d'une conférence de presse et la mise en ligne du rapport.
"On va d'abord prendre connaissance du résultat puis évaluer la situation. Ensuite on parlera des conséquences à court, moyen et long termes", a déclaré Rainer Koch, l'un des vice-présidents par intérim de la DFB.
"Notre position a toujours été de dire: on veut résoudre ça", a ajouté son homologue Reinhardt Rauball.
L'hebdomadaire Der Spiegel avait jeté le pavé dans la mare fin octobre en avançant que l'Allemagne aurait utilisé un fonds secret de 6,7 millions d'euros pour acheter des voix et obtenir l'organisation du Mondial-2006.
Ce fonds aurait été alimenté par l'ancien patron d'Adidas, le défunt Robert-Louis Dreyfus, peu avant l'été 2000, période à laquelle s'est faite l'attribution à l'Allemagne d'une courte marge 12 voix contre 11) aux dépens de l'Afrique du Sud.
- Beckenbauer éclaboussé -
La DFB a reconnu le versement de cette somme à la Fifa mais assuré qu'il s'agissait de s'assurer une subvention pour l'organisation du Mondial et non pas d'acheter des voix au sein de la Fifa, une version démentie par l'instance internationale.
Le scandale a contraint Wolgang Niersbach à la démission de la présidence de la DFB, et a éclaboussé l'icône du football allemand Franz Beckenbauer, qui serait au coeur du trouble marché en tant que président du comité de candidature puis d'organisation de l'événement planétaire.
Beckenbauer a reconnu "une erreur" mais assurant toujours qu'il "n'y avait pas eu de voix achetées" au sein de la Fifa.
Soupçonnée de fraude fiscale par le parquet allemand, la DFB a assisté à une descente de la police financière dans ses bureaux de Francfort, perquisitions qui se sont étendues aux domiciles de trois personnes mises en cause, dont M. Niersbach.
La justice suisse a indiqué mi-décembre qu'elle traiterait avec "priorité" la demande d'entraide judiciaire adressée par le parquet de Francfort.
Selon le quotidien Süddeutsche Zeitung, même le FBI, "qui mène des procédures pénales contre des hauts membres (de la Fifa) pour des faits de corruption" s'intéresserait aussi au mystérieux versement de 6,7 millions d'euros.
Début février, la DFB a elle engagé une procédure visant le "Kaiser" Franz, expliquant sa démarche: "La DFB a pris ses dispositions pour éviter une prescription" qui empêcherait une éventuelle demande d'indemnisation de la fédération.
L'instance nationale se réserve ainsi le droit de réclamer les mystérieux 6,7 millions d'euros versés à la Fifa et qui auraient servi à garantir l'attribution du Mondial 2006 à l'Allemagne.