MOURINHO, ENFIN…
Enfermé dans des certitudes surannées, cherchant les solutions dans le conflit, en froid avec une partie de son vestiaire, il a fini par comprendre qu’un entraineur ne peut emmener ses joueurs à un niveau d’excellence dans une ambiance de tir au pigeon
Le licenciement de Mourinho, intervenu hier, sanctionne une progressive dégénérescence du jeu que le football a fini par lui faire payer à rebours. Depuis un an qu’il gare son "autobus" devant les buts de Chelsea pour s’enfermer dans une négation du foot, le moteur du véhicule devait finir par couler une bielle.
On ne bâtit pas une équipe de football sur une défense. Ne pas prendre de buts est une fin, pas un moyen. La saison dernière de Chelsea avait été un viol de tous les principes de ce jeu qui ne s’épanouit que dans l’art de créer et qui s’atrophie dans la félonie de la destruction.
On en mourait de voir Chelsea refuser toute œuvre créatrice, pour marcher avec opportunisme vers le titre de champion de Premier League. Mourinho détruisait, mais son équipe avait assez de génie pour se libérer et faire la différence quand une once de liberté lui était offerte. Le bus ne bougeait pas et Chelsea avait été sacré en gagnant huit matches par 1-0.
Que ce soit Chelsea ou une autre, on ne réduit pas une équipe à sa plus simple expression. Tout génie qui ne s’épanouit pas s’atrophie, et passer une saison à défendre a fini par user les "Blues". Leurs repères se sont perdus et leurs potentiels se sont élimés. Jusqu’à l’indignité actuelle de 9 défaites en 16 journées de Premier League, voire 14 points de retard sur le 4e du championnat, Manchester United.
Chelsea reste une bonne équipe, c’est son entraineur qui ne colle plus à ce que demande le football dans sa dynamique de création.
Cela peut prendre du temps – et cela a duré mais la vérité du jeu finit toujours par prendre le dessus sur l’entourloupe. Chelsea ne sera sans doute pas en Ligue des champions la saison prochaine et les portes du "Big Four" lui sont fermées.
Le plus dur, c’est que Mourinho n’y a rien compris. Enfermé dans des certitudes surannées, cherchant les solutions dans le conflit et les ruptures, en froid avec une partie de son vestiaire, il a fini par comprendre qu’un entraineur ne peut exister seul. Nul ne peut emmener des joueurs à un niveau d’excellence dans une ambiance de tir au pigeon.
C’est le salut du football s’est décidé hier avec son éviction. Il avait garé son bus. Il ne s’est même pas rendu compte qu’il était tombé en panne quand il a voulu redémarrer.