Neymar au PSG: un coup "d'accélérateur" pour l'attractivité de la Ligue 1?
Droits TV, exposition internationale, ou encore boom des affluences: la Ligue 1 est convaincue que l'arrivée de la superstar Neymar au PSG va lui donner un coup "d'accélérateur" économique. Mais certaines difficultés structurelles, comme la fuite massive de jeunes talents dans les championnats étrangers, ne sont pas résolues pour autant.
"On ne pouvait pas rêver de plus bel accélérateur" pour le plan stratégique de développement de la L1, s'est félicitée vendredi la présidente de la Ligue (LFP) Nathalie Boy de la Tour, auprès de l'AFP.
. Taux de remplissage des stades et affluences en hausse ?
Au vu de l'aura mondiale du Brésilien, considéré comme un futur meilleur joueur du monde en puissance, elle a de quoi se montrer optimiste. Premier effet attendu, un boom au niveau des affluences moyennes.
"Le taux de remplissage dans nos stades est actuellement de 70%. Notre objectif est de nous rapprocher des championnats anglais et allemand, qui affichent un taux de 90%. Avec Neymar, nous pouvons espérer une hausse sensible", a indiqué Boy de la Tour.
Guingamp, prochain adversaire du PSG dimanche 13 août, a par exemple écoulé toutes ses places vendredi, quelques heures à peine après l'officialisation du transfert du siècle.
"On sait que quand Neymar va venir avec le PSG ici (au Parc OL) on va voir des choses fantastiques, on battra, c'est certain, le record de recettes", a affirmé le président de Lyon Jean-Michel Aulas samedi.
. Coup de projecteur à l'étranger et droits TV
A voir le nombre de médias étrangers venus couvrir la conférence de presse d'arrivée de Neymar au PSG et sa présentation au Parc des Princes, l'arrivée du Brésilien apporte sans nul doute un coup de projecteur à la L1, notamment au niveau de sa diffusion à l'international.
Un domaine où la Ligue française connait justement un retard colossal vis-à-vis de ses concurrentes européennes (80 M EUR annuels sur la période 2018-2024, contre 700 M EUR pour la Liga, et un milliard d'euros pour la Premier League), comme le déplorait récemment Xing Hu, représentant du fonds d'investissement chinois entré au capital de l'OL en mars dernier.
"(En Chine) le grand public ne connaît pas Lyon, ni la Ligue 1. Pourquoi? C'est une question de diffusion. Comme notre droit TV n'est pas diffusé, ou du moins de manière intensive, le grand public ne connaît pas", a-t-il expliqué fin juin dernier lors de la 2e Convention du football professionnel, organisée à Cannes par le syndicat de clubs professionnels Première Ligue.
Avec l'aura de "Ney" au Brésil, son pays d'origine, mais aussi en Asie et aux Etats-Unis, la LFP a un nouvel ambassadeur de choix pour se promouvoir à l'étranger.
Mais son statut pourrait aussi lui permettre de mieux se vendre à l'échelle nationale. Pour le professeur de Sciences économiques à l'université du Mans Jean-Pascal Gayant, "ce serait clairement l'intérêt" de la LFP de déclencher dès que possible le prochain appel d'offre pour les droits TV du championnat sur la période post 2020.
"La LFP a plus de chance encore d'atteindre ou dépasser le milliard d'euros annuel pour le prochain appel d'offre avec la présence de Neymar (contre 748,5 M EUR pour la période 2016-2020)" explique-t-il à l'AFP, alors que "la conjoncture était déjà favorable avec la présence d'Altice", challenger affirmé de Canal+ et BeIN Sports depuis sa conquête des droits de la Premier League et des compétitions européennes.
. Aulas: 'Il faut pondérer les choses'
"Ce n'est pas l'arrivée (de Neymar) qui va permettre à l'économie de la Ligue 1 de pouvoir à moyen terme s'en sortir, donc il faut pondérer les choses", a toutefois prévenu Aulas, après Lyon-Strasbourg, évoquant un "sentiment mitigé" sur ce qui est un "coup fantastique", mais qui pourrait surtout profiter au PSG.
Alors que le club parisien est déjà responsable d'"environ 60% de la croissance totale des recettes" de la Ligue 1 pour la saison 2015-16 (environ 1,5 milliard d'euros), selon une étude du cabinet Deloitte, les 19 autres clubs peuvent craindre de voir la richesse produite par Neymar totalement leur échapper.
D'autant plus s'il faut, comme c'est le cas à chaque saison, se séparer de ses meilleurs talents pour combler le déficit ou espérer concurrencer les moyens colossaux du PSG, à l'image de Lyon (Corentin Tolisso, Alexandre Lacazette), ou Monaco (Bernard Silva, Benjamin Mendy, Tiémoué Bakayoko).
"Si d'un côté vous voulez devenir la meilleure ligue, comment pouvez-vous de l'autre côté vendre vos meilleurs atouts chaque année? C'est impossible", s'était inquiété à Cannes Frank McCourt, propriétaire de l'OM.
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