Nice-Lyon: "Balo" fait boum, Adebayor a fait pschitt
Au début des années 2000, Lyon était réputé pour son recrutement. Cet été, c'est Nice, son adversaire vendredi, qui a frappé un grand coup avec Mario Balotelli quand l'OL échouait à renforcer son attaque, avec une confusion au rayon transferts illustrée par l'arrivée avortée d'Emmanuel Adebayor.
A Nice, le grand remue-ménage de l'intersaison était risqué, avec un changement d'entraîneur, Lucien Favre succédant à Claude Puel, et un profond renouvellement d'effectif: 14 départs, dont des éléments majeurs (Ben Arfa, Mendy, Germain), compensés par 13 arrivées.
Après la résurrection d'Hatem Ben Arfa sur la Côte d'Azur la saison dernière, celle de Balotelli, venu libre de Liverpool, se dessine. Cinq buts en trois matches pour le fantasque attaquant italien, et une place de leader pour le Gym au bout de 8 journées.
Le président Jean-Pierre Rivère a eu du flair. "Un attaquant moyen, c'est cher et ça reste moyen. Mario, ce ne sera pas simple. Mais je prends le risque", disait-il après la signature de "Super Mario". Quelques jours avant, il avait pourtant bien caché son jeu: "On dit+ Nice a fait Ben Arfa, Nice va faire Balotelli+: on n'est pas expert en joueurs en difficulté". Peut-être pas, mais en coup médiatique, sûrement.
La tête de gondole italienne est désormais aussi efficace sur les terrains sportif que marketing, avec un rayonnement international sans commune mesure avec Ben Arfa.
- Sans-grade et revanchards -
Pourtant, l'essentiel de la stratégie du club repose sur des joueurs méconnus de clubs de L2 ou moyens, en raison d'un budget limité (42 M EUR de recettes espérées), dans lequel les nouveaux actionnaires majoritaires sino-américains ont injecté 10 millions supplémentaires.
Sont arrivés Arnaud Souquet (Dijon), le Brésilien Dalbert (Guimaraes/POR), qui devrait rapidement être le pendant parfait au latéral Ricardo Pereira, autre belle trouvaille au Portugal l'année dernière, Arnaud Lusamba (Nancy), le Grec Anastasios Donis (prêté par la Juventus), l'Argentin Walter Benitez (Quilmes) et surtout Wylan Cyprien (Lens), nouveau titulaire en passe de faire oublier Mendy.
Puis il y eut les coups de fin de marché avec l'arrivée de revanchards, Younès Belhanda (1 but, 2 passes) après une demi-saison en demi-teinte à Schalke, et les têtes d'affiche Balotelli et Dante (ex-Wolfsburg), défenseur brésilien à l'adaptation plus mitigée.
Mitigé, c'est le mot pour le mercato lyonnais, qui a surtout assuré ses arrières avec trois défenseurs (Nkoulou, Mammana et Rybus) palliant des départs (Umtiti, Rose, Bedimo).
En charnière centrale, l'Argentin Emanuel Mammana, qui évoluait à River Plate, semble une bonne pioche et un titulaire en puissance malgré ses 20 ans, tandis que Nicolas Nkoulou (venu de l'OM) n'a pas encore retrouvé son meilleur niveau. Quant au Polonais Maciej Rybus, déniché en Tchétchénie, c'est un latéral extrêmement offensif mais peu porté sur les tâches défensives.
- Houllier et le clan des Lyonnais -
Devant, l'OL a certes retenu Alexandre Lacazette, mais quand le buteur s'est blessé, il n'a pas eu de doublure à proprement parler, si ce n'est le jeune Maxwel Cornet (19 ans) voire Nabil Fekir, plus à l'aise en attaquant de soutien. Le jeune Jean-Philippe Mateta (19 ans), venu de Châteauroux en National, ressemble plus à un pari sur l'avenir.
Sur la question d'un deuxième buteur, il y eut surtout l'épisode Adebayor: Gérard Houllier, conseiller sportif extérieur en matière sportive du président Aulas, souhaitait l'arrivée de l'attaquant togolais. Il s'est heurté au refus du clan des Lyonnais (l'entraîneur Bruno Genesio, le conseiller Bernard Lacombe et le recruteur Florian Maurice).
Depuis, les couteaux sont tirés. "Bernard a souhaité prendre du recul, il s'occupe des légendes du club, de tous les anciens joueurs", avait lancé perfidement Houllier sur RMC la semaine passée. "Comme me dit ma maman: le silence punit l'insolence. Il est plus un professeur d'anglais (métier d'Houllier) qu'un footballeur", réplique Lacombe ce mercredi dans Le Progrès.
Cette passe d'armes ajoute un peu plus à la confusion en stratégie de recrutement. Cet été, l'OL avait ciblé l'attaquant colombien Roger Martinez (Racing Club, 22 ans). Mais il s'est engagé en Chine à Jiangsu Suning (même propriétaire que l'Inter Milan). Il a été transféré pour 9 millions d'euros alors que l'OL ne proposait que 6 M EUR. Or, les sommes paraissent modestes par rapport aux moyens de l'OL, et le ratage est peu compréhensible.