SOUS LES SOMBREROS MEXICAINS
Aliou Cissé ne cherche pas de futurs Lions dans ce Mexique-Sénégal ; il va juste essayer de faire passer l’entourloupe. La ficelle est énorme, car la meilleure passerelle pour aller en équipe nationale n’est pas le football local. L’échelle est ailleurs

Ce n’est pas une question de «niveau», mais de principe. Battre la mauritanie par 2-0, vendredi à saly, n’est pas la réponse au débat soulevé sur la liste des 22 «Lions» convoqués pour disputer ce match contre les «mourabitounes», avant de retrouver le Mexique mercredi, aux États-Unis bien vrai que ces dernières années ont vu le football mauritanien franchir des étapes significatives. Il a disputé son premier Chan en 2014 après avoir sorti le Sénégal en match de qualification. En septembre dernier, l’Afrique du Sud s’était également faite surprendre à Nouakchott (3-1), sur la route de Gabon-2017. Et aujourd’hui, la Mauritanie est deuxième de la Poule M derrière le Cameroun. Ce ne sont cependant pas des raisons pour faire de ce pays un indicateur de «niveau» pour le Sénégal.
Le résultat contre le Mexique ne sera pas non plus l’indicateur de «niveau» dont il est question. Il donnera juste un repère. Ce niveau dépend d’un travail plus profond. Ses paramètres se déterminent au plan national et tracent une ligne d’évolution mieux maitrisée. Infrastructures de qualité, formation adaptée, compétitions régulières, le triptyque ne ment jamais. Le niveau ne se jauge pas ensuite sur un match, mais sur une série de rendez-vous qui permettent de s’évaluer par rapport à différents indicateurs de performance et de s’étalonner.
Ce que le Sénégal peut réussir d’exceptionnel dans ce match contre le Mexique ne permettrait pas d’aligner les deux footballs. L’histoire, les moyens et les résultats les posent sur des repères différents. Certaines performances vous permettent de vous hisser à des niveaux psychologiques et mentaux élevés, elles ne vous cachent cependant pas votre misère quotidienne.
Dans ce Mexique-Sénégal, le minimum de respect qu’on peut avoir pour ce pays qui sollicite une opposition voudrait qu’on lui présente le meilleur de ce qu’on a. Le football local a beau se standardiser vers le bas, pour qu’entre le meilleur et le pire les deux extrêmes se touchent, il y a tout de même un classement qui montre ce que valent les uns et les autres, d’un dimanche à l’autre. Il n’y a donc aucune logique honnête à aller chercher au quatorzième-endessous ce qu’on présente comme la fine fleur du foot sénégalais.
On peut penser que les Mexicains n’ont aucun écho de la polémique qui s’est ainsi installée. On peut aussi espérer qu’ils prendront Chérif Salif Sané pour Lamine Sané, Dame Guèye pour Gana Guèye, Ibrahima Diop pour Mame Bira Diouf, etc. Mercredi n’étant pas une date-Fifa, la Fédération ne pouvait exiger la présence de son armada extérieure. Mais il y a de quoi avoir une meilleure représentation du football local sans user d’une logique tirée par les cheveux.
En octobre dernier, les «Pharaons» avaient boycotté un Egypte-Sénégal qui devait se disputer au Qatar. C’est la composition de l’équipe nationale, dont l’état-major était à Alger pour rencontrer les «Fennecs», qui avait fait capoter le match. Les Egyptiens exigeaient le meilleur du Sénégal et les locaux «améliorés» envoyés sur le front avaient été obligés de rentrer à Dakar sans jouer. L’entourloupe consistant à faire voyager Aliou Cissé, qui avait quitté Alger pour se retrouver au Qatar, n’avait pas marché.
Les Egyptiens ne sont pas fous et savent que ce n’est pas l’homme du banc qui joue un match. Cette fois encore, le sélectionneur national est dans le convoi. Il ne cherche pas de futurs «Lions» dans ce match contre le Mexique ; il va juste servir de «public relation» et essayer de faire passer l’entourloupe. La ficelle est énorme, car la meilleure passerelle pour aller en équipe nationale n’est pas le football local. L’échelle est ailleurs. Sous leurs grands sombreros, les Mexicains n’y verront peut-être que du feu. Sauf s’ils gagnent par 4-0 ou plus.