Toulouse: Dupraz, Pascal le grand frère
Il est grande gueule et colérique, à tel point qu'il admet lui-même être "fou": l'arrivée de Pascal Dupraz a tout de la révolution culturelle à Toulouse, de l'opération coup de poing, mais il semble quasi impossible qu'elle suffise à éviter la Ligue 2.
Pour son premier tour de chauffe devant la presse cette semaine, l'ancien entraîneur d'Evian/Thonon l'a reconnu volontiers: fou, "cela fait longtemps que je le suis".
Olivier Sadran doit donc penser que le TFC a besoin de ce Haut-Savoyard sans filtre pour secouer des joueurs apeurés par l'échec et un club qui s'est laissé enfermer depuis plusieurs saisons dans un manque criant d'ambition qui, sauf miracle, va l'envoyer droit en L2.
"On est tous le fou de quelqu'un", sourit le président toulousain.
"Des entraîneurs disponibles, ce n'est pas ce qui manque. On nous a même proposé Rudi Völler. On n'aurait pas trouvé la personne idoine, on serait resté comme ça et on aurait fini la saison. Ce n'est pas un choix par défaut", assure Sadran. Mais plutôt un coup de poker.
Le TFC rompt en effet avec la tradition de puiser en interne. Depuis la reprise du club en 2001 par Sadran, le "Tef" n'avait connu que quatre entraîneurs (Erick Mombaerts, Elie Baup, Alain Casanova et Dominique Arribagé), tous membres ou anciens pensionnaires de la maison.
En matière de communication, Dupraz, habitué des coups de gueule, va aussi mettre un bon coup de fouet au club bercé ces dernières années par la relative discrétion médiatique de Casanova et d'Arribagé. Il a d'ailleurs commencé à coup d'envolées lyriques: "C'est comme en amour, quand il y a des cendres, il y a des braises et il suffit de souffler dessus pour que l'amour rejaillisse."
- L'homme du miracle ? -
Quasi impossible toutefois que cette histoire d'amour ait pour théâtre l'élite la saison prochaine.
A dix journées de la fin, le TFC doit engranger autour d'une vingtaine de points pour se sauver. Soit sept victoires en dix rencontres alors qu'il n'a gagné que quatre matches depuis le début de la saison...
Un "exploit" auquel Dupraz assure tout de même croire. "Un jour, on ne dira plus que dans la situation du TFC, avec 22 points après la 28e journée, aucune équipe ne s'est maintenue. Car cela sera réalisé", a lancé celui qui était ces derniers mois consultant pour Canal + après avoir été limogé d'Evian à la fin de la saison dernière.
"Permettez-moi de tenter ce pari fou", a-t-il prié. Il a tout cas une certaine expérience de la chose après avoir réussi à sauver sur le fil du rasoir l'ETG en 2013 et 2014 avant la relégation de son club de toujours en L2 fin mai.
- Ou de la reconstruction -
"Je ne suis pas venu dimanche en me disant: +Nous sommes en Ligue 2.+ J'espère qu'on va se sortir de ce mauvais pas et qu'ensuite, on va pouvoir construire tranquillement pour l'avenir", a-t-il ajouté.
Car même s'il a fait un lapsus en répondant que sa présence au TFC durerait "au minimum deux mois" avant de rectifier le tir ("Pardon, deux saisons et quatre mois"), Dupraz ne sera pas "un entraîneur qui vient là tout saccager avant de s'en aller sous prétexte qu'il a échoué".
Il sera plutôt l'homme de la reconstruction d'un club qui, s'il descend en L2, pourra s'appuyer sur sa formation et des jeunes prometteurs (Lafont, Machah, Diop).
"L1, L2. Ne pas évoquer le sujet, c'est qu'il vous manque une case. L'avenir, on ne sait pas où il se passera mais on doit mieux le préparer car depuis grosso modo trois années, on a du mal", reconnaît Sadran qui voit en Dupraz celui qui "peut nous faire rebondir bien au-delà" de la fin de saison.