VUS DE L'ÉTRANGER, LES BLEUS CHAMPIONS DU MONDE DU SCANDALE
Affaire de la sex-tape
"Surréaliste", "pas d'équivalent": l'affaire du chantage à la sex-tape contre Mathieu Valbuena, dans laquelle Karim Benzema a été mis en examen, sidère les journalistes étrangers interrogés par l'AFP, pour qui les scandales autour des Bleus reflètent des problèmes de la société française.
C'est avec "une absolue incrédulité" que Juca Kfouri, journaliste sportif brésilien, a accueilli la révélation de cette histoire impliquant deux joueurs majeurs de l'équipe de France.
"En équipe d'Angleterre, on a eu notre lot de querelles internes (John Terry coupable d'adultère avec la femme de Wayne Bridge, les insultes racistes du même Terry envers Rio Ferdinand). Rien de nouveau donc. En revanche, la partie chantage de l'affaire est surréaliste", explique quant à lui Pete Jenson, reporter pour The Independent et le Daily Mail.
Alexandre Abreu Gontijo, journaliste brésilien de globoesporte.com, rappelle qu'"au Brésil, il y a eu des disputes pour une femme, mais jamais avec un joueur allant s'expliquer au journal télévisé. Il n'y a pas eu de cas équivalent, jamais d'affaire similaire qui soit allée jusqu'en justice".
Malgré le caractère inédit de l'affaire, Alessandro Grandesso, correspondant à Paris pour La Gazzetta dello Sport, n'a lui pas été surpris: "je me suis dis, +tiens, ça faisait longtemps qu'on n'avait pas eu d'affaires chez les Bleus+".
- "Assez naïf" -
"L'histoire a fait la Une de la plusieurs médias italiens, explique ce dernier. C'est un scandale qui va bien au delà des frontières franco-espagnoles, parce qu'il s'agit de Benzema, un des footballeurs les plus importants d'Europe."
D'un point de vue médiatique, Pete Jenson relève que ce qui interpelle en Angleterre, "ce sont les révélations d'éléments du dossier dans la presse, la retranscription des écoutes, les interviews des protagonistes, le tout avant même un éventuel procès".
Pour lui, Benzema "apparaît comme quelqu'un d'assez naïf, qui n'a pas réalisé les conséquences de certains de ses actes".
Sur le plan judiciaire, Benzema est mis en examen pour complicité de tentative de chantage et participation à une association de malfaiteurs. Des faits passibles de cinq ans d'emprisonnement.
Sur le plan sportif, il pourrait être écarté ce jeudi par la Fédération française, soucieuse de ne pas laisser plus longtemps s'écorner l'image de l'équipe de France à six mois de l'Euro-2016. D'autant que c'est dans le cadre d'un rassemblement des Bleus, au Centre national du football à Clairefontaine (Yvelines), le 5 octobre, que Benzema aurait tenté de convaincre Valbuena d'entrer en contact avec les maîtres chanteurs.
- "Même état d'esprit" -
"Je pense qu'on reste sur la lignée de ce qu'on a pu observer dès 2010 avec la grève de l'entraînement au Mondial sud-africain, puis l'affaire Zahia, le scandale des quotas ou encore les problèmes de comportement à l'Euro-2012 (Nasri, Ménez, Ben Arfa etc)... Tout fait partie du même état d'esprit de cette génération de footballeurs français", dissèque Alessandro Grandesso.
"En Italie, celui qui ne respecte pas le maillot ne peut pas faire partie du groupe. Antonio Conte a été clair: +la Nazionale ça se mérite+. Mario Balotelli paye encore sa période trouble", insiste-t-il, estimant que "l'équipe de France reflète une partie des problèmes de la société française".
L'argent est aussi source de problème, souligne Pete Jenson: "la plupart de ces joueurs viennent de milieux défavorisés et soudainement perçoivent plus d'argent qu'ils n'en rêvaient. Et ils ne semblent pas accepter leur rôle de modèle".
Un rôle dont la portée n'a pas été intégrée par Benzema, selon Alessandro Grandesso: "Il préfère rester fidèle à des codes de +caillera+, en trahissant la confiance d'un coéquipier en équipe de France, plutôt que d'assumer son statut de jeune de banlieue qui a réussi sa carrière. Il pourrait être un exemple important en ces temps où on mélange beaucoup islamisme, banlieue, fils d'immigrés et attentats".