ALIOUNE TINE DEMANDE L’OUVERTURE D’UNE ENQUÊTE SUR LES EXACTIONS ATTRIBUÉES AU MALI
Les informations reçues à ce stade, selon l’expert indépendant, soulèvent de sérieuses questions et préoccupations quant à d'éventuelles violations graves du droit international
Alioune Tine a demandé hier l’ouverture immédiate d’une enquête indépendante sur les exactions qui auraient été commises par l’armée malienne en compagnie du groupe militaire privé russe, Wagner, au cours d’une opération d’envergure menée entre le 27 et le 31 mars à Mourra, dans la région de Mopti, au centre du Mali.
La situation des droits humains au Mali préoccupe fortement Alioune Tine. S’exprimant hier sur les exactions qui auraient été commises par les forces armées maliennes (Fama) en compagnie du groupe privé militaire russe Wagner, l’expert indépendant des droits humains de l’Organisation des Nations-Unies (Onu) a demandé l’ouverture immédiate d’une enquête indépendante.
En effet, à la suite d’une opération d’envergure menée entre le 27 et le 31 mars dernier, à Mourra, dans la région de Mopti, des informations ont circulé sur la toile faisant état de l’exécution d’une dizaine de civils par les Fama et leurs souteneurs russes. «Compte tenu des graves allégations de crimes de masse, des dizaines de civils ayant été tués au cours de ces opérations, je demande aux autorités maliennes de mener dans les meilleurs délais une enquête approfondie, indépendante, impartiale et efficace sur toutes les violations présumées», a indiqué Alioune Tine.
Mieux, il a exhorté à faire en sorte que les conclusions de l’enquête soient rendues publiques et que les auteurs présumés soient traduits en justice. En outre, les informations reçues à ce stade, selon l’expert indépendant, soulèvent de sérieuses questions et préoccupations quant à d'éventuelles violations graves du droit international des droits de l'Homme et ou du droit international humanitaire. Mieux, insiste Alioune Tine, certaines de ces violations pourraient constituer des crimes relevant de la compétence de la Cour pénale internationale.
Et par conséquent, argumente-t-il, «le fait de ne pas traduire en justice les auteurs présumés de violations des droits de l'Homme pourrait entamer la confiance de la population dans les forces armées et être exploité par les groupes armés se présentant comme une solution de substitution crédible à la défaillance de l'État», a déclaré l’expert des droits humains de l’Onu qui souligne : «La lutte contre l'impunité est donc une priorité et un élément constitutif de la lutte contre le terrorisme.» Sous ce rapport, Alioune Tine exhorte les autorités maliennes de transition à accorder un accès sans entrave à la Division des droits de l'Homme et de la protection de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) afin qu'elle puisse mener une enquête approfondie pour faire la lumière sur les allégations de violations graves des droits de l'Homme.
Enfin, le droit-de-l'hommiste a réitéré son appel au procureur de la Cour pénale internationale pour qu'il ouvre des enquêtes afin d'établir la responsabilité pénale pour les crimes relevant du Statut de Rome qui ont été commis dans le passé et qui continuent à être commis au Mali.