ALIOUNE TINE EXIGE LA LIBERATION DES DIRIGEANTS MALIENS DÉTENUS À BAMAKO
A l’en croire, l’ancien Président de transition et son Premier ministre sont toujours maintenus en résidence surveillée

Expert indépendant de l’Organisation des Nations Unies (ONU) sur la situation des droits de l’homme au Mali, Alioune Tine a révélé mercredi que de nombreux dirigeants maliens sont privés de liberté à la faveur du dernier coup de force perpétré par le colonel Assimi Goita et Cie. A l’en croire, l’ancien Président de transition et son Premier ministre sont toujours maintenus en résidence surveillée. Il exige ainsi leur libération.
Le nouvel homme fort du Mali, Assimi Goita prépare activement sa prestation de serment pour le lundi 7 juin prochain. Pendant ce temps, l’ancien Président Bah N’Daw et l’ancien Premier ministre Moctar Ouane sont toujours en résidence surveillée après avoir été transférés d’un camp militaire la semaine dernière. Une situation déplorée par l’expert des droits de l’homme des Nations Unies, Alioune Tine, qui estime que les nouvelles autorités militaires du Mali devraient les libérer ainsi que tous les dirigeants privés actuellement de liberté. «J’appelle les autorités maliennes de la transition à mettre immédiatement fin à l’assignation à résidence de ces deux hommes et à libérer trois hauts responsables militaires détenus arbitrairement», a déclaré Alioune Tine.
Il souligne que contrairement à ce qui avait été rapporté à l’époque, N’Daw et Ouane n’ont pas été libérés le 27 mai, mais ont seulement été transférés à leur domicile. Il précise que lors du deuxième coup d’État au Mali en moins d’un an, le Président et son Premier ministre évincés ont été arrêtés le lundi 24 mai et détenus au camp militaire de Kati, près de la capitale, Bamako, avec cinq autres hauts responsables civils et militaires. Il informe qu’un responsable civil a été libéré le 25 mai et que plus tard le 29 mai, un gradé militaire a été également libéré. Pour autant, confie-t-il, trois hauts responsables sont toujours détenus dans le camp. «Je demande à toutes les autorités maliennes de transition de respecter scrupuleusement les droits de l’homme et les libertés fondamentales, et de rétablir l’État de droit», martèle M. Tine. Il indique dans a foulée qu’en vertu du droit international, nul ne peut être soumis à une quelconque forme de privation de liberté si ce n’est conformément à la loi. «Toute personne arrêtée doit être informée, au moment de son arrestation, des raisons de cette arrestation et, dans le plus court délai, de toute accusation portée contre elle», ajoute-t-il. Poursuivant, le fondateur du think tank Afrikajom Center soutient que les autorités maliennes doivent lever l’assignation à résidence de Bah Ndaw et Moctar Ouane et permettre aux autres détenus de communiquer avec leurs familles et leurs avocats et de recevoir des visites.
ALIOUNE TINE FAVORABLE A L’ORGANISATION D’ELECTION PRESIDENTIELLE EN FEVRIER 2022
L’ancien secrétaire générale de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho) a affirmé en outre que le Mali doit permettre aux fonctionnaires des droits de l’homme de la Mission de Maintien de la Paix des Nations Unies (Minusma), ainsi qu’aux représentants des institutions et organisations nationales des droits de l’homme, comme la Commission nationale des droits de l’homme du Mali, de leur rendre visite. Il soutient aussi l’appel lancé dimanche par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) en faveur de l’organisation de nouvelles élections présidentielles en février 2022, conformément au calendrier convenu précédemment. De ce fait, Alioune Tine a déclaré que le Mali devait former un gouvernement inclusif afin de ramener le pays, désormais suspendu des institutions de la Cedeao, à l’ordre constitutionnel et à l’état de droit.
Après deux coups d’État au Mali en l’espace de dix mois, M. Tine a appelé les acteurs nationaux et internationaux à renforcer les institutions de l’État et l’Etat de droit afin d’éviter des crises répétées et de garantir le respect de tous les droits de l’homme. « J’appelle les responsables politiques, militaires et de la société civile à faire preuve de retenue et à s’engager dans un dialogue profond afin de rétablir une paix durable, la stabilité et le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales au Mali», a indiqué le directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.