BILAL HADFI, 20 ANS, GAMIN DEVENU KAMIKAZE
PROFIL – Il s’est fait exploser aux abords du Stade de France
AFP - Il n'y a pas si longtemps encore, il publiait sur son compte Facebook des posts de son âge, ceux d'un gamin de 20 ans. Et puis il apparaît fusil à l'épaule. Lui, c'est Bilal Hadfi, kamikaze du Stade de France au visage d'adolescent.
Ce profil, "Billy Du Hood", dont les enquêteurs confirment l'authenticité, a été supprimé lundi vers 16H00, trois jours après qu'il ait actionné son gilet d'explosifs, avec deux autres kamikazes, sur l'esplanade déserte du Stade de France près de Paris. A quelques mètres, une enceinte pleine à craquer, où se jouait le match de football France-Allemagne. Un passant a trouvé la mort.
Malaise. Chevelure brune, traits juvéniles, ce Français résidant en Belgique, qui a participé aux attentats les plus sanglants que la France ait connus, publie des photos d'une étonnante banalité: soirées shit-Playstation en jogging Adidas, cocktail en maillot au bord de la piscine, doigts d'honneur en pagaille, avec "le petit frère" habillé aux couleurs du Real Madrid, photos avec la bande en bas des tours...
Quelques clichés de post-ado, aussi, dopés à la testostérone: des liasses de billets neufs, en euros, ou une photo d'émeutes urbaines en France, qu'il titre "Nique la police".
- 'La cours des grands' (sic) -
Mais certaines images trouvent un écho troublant aujourd'hui. Des armes d'abord: une kalachnikov un peu floue (commentaire: "yo président!") et un arsenal, peut-être une photo d'archives, avec fusils à pompe, Colt 44 et pistolets Tokarev.
Arrive la photo au fusil. C'est très probablement lui qui manie l'arme, en short, sous le regard d'un petit garçon. Il commente sur le réseau social: "hahaha, ta cru quoi petit, on joue dans la cours des grands" (sic).
Un ami le charrie, il répond: "tu veux une balle entre les yeux ou quoi".
Sur une autre image, on voit deux enfants et deux ados, le visage masqué par un keffieh, dont peut-être Bilal Hadfi lui-même, l'index levé vers le ciel. "Manif avec les petits frère", commente-t-il.
Ce geste traditionnel chez les musulmans, devenu pour certains un geste de ralliement salafiste, est également utilisé par les membres de l'organisation jihadiste Etat islamique (EI), qui a revendiqué les attentats du 13 novembre, menés à Paris et près du Stade de France par plusieurs jihadistes, dont sept kamikazes. Bilan: 129 morts et 352 blessés.
Lundi, l'un des amis du kamikaze -qui a séjourné en Syrie dans les zones de jihad- a posté un hommage sur sa page Facebook personnelle, sous une de ses photos: "Allah y rahmek (Que Dieu te préserve, NDLR) frère, on t'oubliera jamais qu'allah t'ouvre les porte du paradis insha'allah".
Le lendemain des attentats, cette même personne avait publié un commentaire lapidaire: "Tout ceux la avec le drapeau de France bande de traître vous méritez de vous faire tirez dessus".