VIDEOÇA SE COMPLIQUE POUR TARIQ RAMADAN
Il aurait eu des relations sexuelles avec des mineures - Quatres anciennes élèves témoignent - Ses appels téléphoniques fort compromettants à l'une de ses maîtresses - AUDIO
Une semaine à peine avant qu'une plainte pour viol ne soit déposée contre Tariq Ramadan, Jean-Michel Olivier, enseignant et écrivain suisse, prix Interallié en 2010 pour L'Amour nègre, publiait sur sa page Facebook un texte assez peu charitable sur Tariq Ramadan, son ancien collègue de collège, à Genève.
« J'ai lu deux livres de TR, aussi mauvais l'un que l'autre [Mon intime conviction et De l'islam et des musulmans] », commentait-il. Jean-Michel Olivier ajoutait, parlant toujours de Tariq Ramadan : « Nous avons travaillé dans le même collège et collaboré souvent ensemble. Jusqu'à ce qu'il se fasse virer pour les raisons que vous savez… »
Depuis des décennies, la vie privée de l'actuel professeur d'islamologie à Oxford est l'objet de suspicions dans la très prude Cité de Calvin. Certes, Tariq Ramadan pourra toujours démentir les propos de Jean-Michel Olivier, jurant qu'il n'a pas été licencié, mais qu'il a démissionné de l'enseignement. Mais, sur les bords du lac Léman, personne n'est dupe.
En revanche, le prédicateur aura davantage de mal pour se défendre contre les accusations portées aujourd'hui contre lui dans La Tribune de Genève et 24 Heures par quatre de ses anciennes élèves, âgées de 14 à 18 ans. Même si les faits sont prescrits, les griefs sont particulièrement graves. Il « abusait de la confiance de ses élèves »
Quatre anciennes élèves témoignent. Elles ne sont pas musulmanes. La plus jeune, alors âgée de 14 ans, affirme avoir refusé de coucher avec Tariq Ramadan. « Il a mis sa main sur ma cuisse en me disant qu'il savait que je pensais à lui le soir avant de m'endormir […] C'était de la manipulation. Il disait qu'il pensait à moi mais qu'il était marié. J'étais mal, mais je ne pouvais rien dire. C'était mon prof. » L'élève résiste et doit alors subir les foudres de ce professeur de français « possessif et jaloux ».
L'ancienne élève parle d'un « homme tordu, intimidant, qui usait de stratagèmes relationnels et pervers et abusait de la confiance de ses élèves ».
En revanche, une autre ancienne élève, aujourd'hui mère de famille, reconnaît avoir été « abusée et violentée ». « Cela s'est passé trois fois, notamment dans sa voiture. C'était consenti mais très violent. J'ai eu des bleus sur tout le corps. Il m'a toujours fait croire que je l'avais cherché », déclare-t-elle. Les autres témoignages recueillis par Sophie Roselli dans La Tribune de Genève vont dans le même sens : « J'avais 17 ans quand on a commencé à s'embrasser et 18 ans quand on a eu des rapports sexuels […] Il me prenait, me jetait, instaurait une relation de dépendance. Il a créé les bases d'une relation malsaine », affirme une autre de ses anciennes élèves et maîtresses. Le Point.fr a contacté Julie Granier et Yassine Bouzrou, deux des avocats de Tariq Ramadan, sans résultat. La Tribune de Genève n'a pas non plus reçu de réponse à ses appels.
Une mosquée, propriété des Ramadan
L'attitude de Tariq Ramadan n'échappe ni à sa famille (il a quatre frères et une sœur) ni à son épouse Isabelle, une institutrice franco-suisse convertie à l'islam. D'autres anciennes maîtresses ont confié au Point.fr qu'elles leur ont écrit des lettres recommandées pour dénoncer le comportement « pervers » de l'islamologue. « J'ai parlé avec Hani Ramadan, son frère aîné, directeur du Centre islamique de Genève, il m'a répondu que tout ce que j'entreprendrai contre Tariq se retournera contre moi », raconte une jeune femme, qui redoute encore, vingt ans plus tard, les menaces de la famille Ramadan et des Frères musulmans.
Contrairement aux autres mosquées dans le monde, le Centre islamique de Genève est une propriété exclusive des Ramadan. Il ne compte dans son Conseil de direction que des membres de la famille : Wafa, la fille aînée d'Hassan Al-Banna, le fondateur des Frères musulmans en Égypte, et ses six enfants, Aymen, Yasser, Bilal, Hani, Tariq et Arwa. Parrainé et financé par les Saoudiens, ce Centre a été créé en janvier 1961 par Saïd Ramadan, le gendre d'Hassan Al-Banna, décédé en 1995. Personnalité très influente au sein de la Confrérie, lors de son arrivée en Europe, à la fin des années 50, le père de Tariq Ramadan va, une décennie plus tard, être mis à l'écart et sombrer dans une très grande solitude.
La marginalisation du père de Tariq Ramadan
L'islamologue allemand Reinhard Schulze parle d'un « homme seul, déçu, qui avait perdu presque tous ses compagnons. […] En fait, Saïd Ramadan a été marginalisé par d'autres intellectuels musulmans, plus brillant que lui » (1). Sylvain Besson, rédacteur en chef adjoint du quotidien suisse Le Temps, évoque un homme vivant seul dans un studio minable, séparé de sa femme et de ses enfants. « L'Islamistan imaginé des décennies plus tôt se réduit à une chambre où s'entassent un poste de radio, des coupures de presse, des livres, et des lettres venues du monde entier. » (2)
Pourquoi cette déchéance ? Saïd Ramadan aurait peu à peu succombé aux charmes de l'Occident et sa vie privée n'aurait pas été aussi irréprochable que celle qu'il prônait dans ses conférences. Résultat, ses généreux donateurs, et notamment les Saoudiens, lui auraient coupé les vivres. Pour toutes ces raisons, l'image des Ramadan en suisse francophone n'est pas forcément très positive.
Tariq Ramadan va l'apprendre à ses dépens quand il crée en septembre 1994 Musulmans, Musulmanes de Suisse (MMS). Le premier congrès, trois mois plus tard à Genève, vire au fiasco total. Les musulmans de Suisse ne sont pas au rendez-vous. Pour remplir la salle communale de Plainpalais, l'islamologue est contraint de faire venir par cars entiers des militants de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), notamment Hassan Iquioussen et Malika Dif. Mais la supercherie est découverte.
Le magazine L'Hebdo de Lausanne titre : « Les musulmans de Suisse… étaient français ». Un échec qui pousse alors Tariq Ramadan à se montrer moins présent dans les cantons helvétiques et plus actif dans les cités françaises, à commencer par Lyon. On connaît la suite.