CONDAMNATION DES ÉTATS-UNIS
Les Etats-Unis ont essuyé jeudi à l'Assemblée générale de l'ONU une large condamnation de leur reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël, après avoir multiplié les menaces financières contre les pays opposés à leur position
Sur les 193 pays membres, 128 ont voté en faveur d'une résolution condamnant la décision de Trump, 35 Etats se sont abstenus, 21 n'ont pas pris part au scrutin et neuf pays ont voté contre ce texte qui répond à une initiative des Palestiniens.
Les Etats-Unis ont essuyé jeudi à l'Assemblée générale de l'ONU une large condamnation de leur reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël, après avoir multiplié les menaces financières contre les pays opposés à leur position.
Sur les 193 pays membres des Nations unies, 128 ont voté en faveur d'une résolution condamnant la décision annoncée le 6 décembre par Donald Trump sur Jérusalem, à rebours de la position américaine traditionnelle et du consensus de la communauté internationale qui n'a jamais reconnu l'annexion de la partie orientale de la ville par l'Etat hébreu. De nombreux alliés de Washington ont approuvé la résolution, dont la France et le Royaume-Uni. Neuf pays, parmi lesquels les Etats-Unis, Israël mais aussi le Guatemala et le Togo ont voté contre ce texte qui répond à une initiative des Palestiniens. Signe que les menaces et pressions de Washington ont pesé? Trente-cinq Etats, dont le Canada, le Mexique, l'Argentine, la Pologne ou la Hongrie, se sont abstenus et 21 n'ont pas pris part au scrutin. Avant le vote, plusieurs ambassadeurs interrogés par l'AFP tablaient pour une adoption plus large, avec un score oscillant entre 165 et 190 votes pour.
Le vote n'est pas contraignant et l'administration américaine a fait savoir qu'elle ne changerait pas d'avis. "Les Etats-Unis se souviendront de cette journée qui les a vus cloués au pilori devant l'Assemblée générale pour le seul fait d'exercer notre droit de pays souverain", a déclaré l'ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley. "Nous nous en souviendrons quand on nous demandera encore une fois de verser la plus importante contribution" financière à l'ONU, a-t-elle lancé, menaçant à nouveau de "mieux dépenser" l'argent des Américains à l'avenir.
Donald Trump avait pris les devants mercredi. "Ils prennent des centaines de millions de dollars et même des milliards de dollars et, ensuite, ils votent contre nous", avait tempêté le président américain. "Laissez-les voter contre nous, nous économiserons beaucoup, cela nous est égal."
'Poignée de dollars'
Les Etats-Unis ne cachent pas leur colère depuis un premier vote, lundi, au niveau du Conseil de sécurité. Ce vote "est une insulte que nous n'oublierons pas", avait lancé, l'oeil noir, Nikki Haley à ses quatorze partenaires du Conseil, dont ses alliés européens, qui avaient unanimement approuvé la condamnation de la décision américaine. In fine, cette résolution-là n'avait pas été adoptée, les Etats-Unis ayant utilisé leur veto de membre permanent, mais l'unité des autres membres avait résonné comme un cinglant désaveu pour Washington. A l'Assemblée générale de l'ONU, aucun pays n'a de droit de veto.
Le texte adopté jeudi affirme que toute décision sur le statut de Jérusalem "n'a pas de force légale, est nulle et non avenue et doit être révoquée". Il souligne que cet épineux statut doit faire partie d'un accord de paix final entre Israéliens et Palestiniens, ces derniers voulant établir à Jérusalem-Est la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.
A l'approche du scrutin, Washington, qui assure que sa décision ne préjuge pas de l'issue de futures négociations de paix, a multiplié menaces et pressions. Des avertissements qui ont sidéré nombre de diplomates onusiens.
En réponse à la menace de Nikki Haley de "noter les noms" de ceux qui ont voté la résolution, le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Malki a estimé que "l'Histoire note les noms" de "ceux qui défendent ce qui est juste" et de "ceux qui mentent".
Le président truc Recep Tayyip Erdogan, parmi les opposants les plus virulents à la position américaine malgré l'alliance entre Washington et Ankara, avait lui exhorté la communauté internationale à ne pas se "vendre" pour "une poignée de dollars" face aux menaces de Donald Trump de couper des aides financières.
L'impact des pressions américaines était diversement apprécié après le vote. Les Palestiniens ont salué un "revers cinglant" pour les Etats-Unis. Cela "réaffirme que la juste cause des Palestiniens bénéficie du soutien du droit international", a réagi le porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas, qui espère ainsi maximiser son poids lors d'une éventuelle reprise du processus de paix.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, rejetant la décision de l'Assemblée générale de l'ONU, qualifiée de "maison des mensonges", a lui au contraire réagi "avec satisfaction face au nombre important de pays qui n'ont pas voté en faveur" de la résolution.
"Il est clair que de nombreux pays ont donné la priorité à leur relation avec les Etats-Unis par rapport à une tentative vaine de nous isoler", s'est aussi réjoui un porte-parole de la mission américaine à l'ONU à la lecture des résultats détaillés du vote.
Le texte affirme que toute décision sur le statut de Jérusalem "n'a pas de force légale, est nulle et non avenue et doit être révoquée". Il souligne que la question de Jérusalem doit faire partie d'un accord de paix final entre Israéliens et Palestiniens.
La victoire symbolique de jeudi "réaffirme que la juste cause des Palestiniens bénéficie du soutien du droit international", a réagi le porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas, qui espère ainsi maximiser son poids lors d'une éventuelle reprise du processus de paix.
A l'approche du scrutin, Washington a multiplié menaces et pressions. Tweet, email, lettre... tout a été utilisé pour tenter d'empêcher un nouveau revers, mais ces avertissements ont sidéré nombre de diplomates onusiens.
"Ce n'est pas comme ça que ça marche, on vote sur des principes", confie à l'AFP un ambassadeur asiatique. "On ne peut pas voter A pendant des années et voter soudainement B", renchérit un homologue d'Amérique latine.
Résultat de ces pressions ? De nombreux pays se sont finalement abstenus, dont le Canada, le Mexique, l'Argentine mais aussi, signe de la difficulté de l'Union européenne à définir une position commune, la Pologne, la Hongrie ou la République tchèque.
Alliée des Etats-Unis, la Turquie fait en revanche partie des opposants les plus virulents à la position américaine. Son président, Recep Tayyip Erdogan, avait exhorté jeudi depuis Ankara la communauté internationale à ne pas se "vendre" pour "une poignée de dollars" face aux menaces de Donald Trump de couper des aides financières.
Israël a annexé la partie orientale de Jérusalem, dont elle a pris le contrôle pendant la guerre de 1967, puis voté une loi faisant de la Ville sainte sa capitale "indivisible". Cette annexion n'a jamais été reconnue par la communauté internationale et les Palestiniens considèrent Jérusalem-Est comme la capitale de leur futur Etat.