DES MUNICIPALES POUR TOURNER LA PAGE DE TRANSITION
Ouagadougou, 21 mai 2016 (AFP) - Quelque 5,5 millions de Burkinabè sont attendus dimanche aux urnes pour des élections municipales qui doivent tourner définitivement la page de la Transition, issue de la chute du président Blaise Compaoré chassé par la rue en octobre 2014 après 27 ans au pouvoir.
Plus de 80 partis et formations briguent 20.000 postes de conseillers municipaux qui vont désigner les maires devant administrer pendant les cinq prochaines années les 351 communes du Burkina Faso.
Le régime de la Transition avait dissous tous les conseils municipaux mis en place sous Blaise Compaoré et remplacé les maires par des hommes nouveaux, qui n'avaient pas été élus.
Ce scrutin, qui devait initialement avoir lieu le 31 janvier a été reporté après l'attaque jihadiste ayant fait 30 morts au centre de Ouagadougou le 15 janvier.
La sécurité des bureaux de vote, notamment le long de la frontière malienne où deux gendarmes ont été blessés lors d'une attaque cette semaine, sera un des enjeux.
Au total, 24.000 policiers, gendarmes et militaires seront déployés dimanche. Le nouveau président Roch Marc Christian Kaboré, élu fin novembre dès le 1er tour avec 53% des voix, espère une victoire éclatante pour conforter son pouvoir et son parti, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), qui a appelé les électeurs à voter "massivement pour permettre au président Kaboré de mettre en oeuvre son programme politique".
"Après avoir porté Roch Kaboré à la Présidence du Faso et offert au MPP une majorité à l'Assemblée nationale, ces élections doivent consacrer une assise confortable pour permettre au président de dérouler sereinement son programme", insiste le président par intérim du Mouvement du peuple pour le progrès, Salifou Diallo, aussi président de l'Assemblée.
Ancien baron du régime du président Compaoré, M. Kaboré était tombé en disgrâce avant de claquer la porte du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) de M. Compaoré avec d'autres de ses camarades huit mois avant sa chute.
- 'Revenir par les urnes' -
Le CDP, l'ancien parti-Etat de M. Compaoré, et ses alliés de l'ancienne majorité présidentielle souhaitent se remettre en selle après la dissolution par le gouvernement de Transition des conseils municipaux dont ils contrôlaient la quasi-totalité.
Les ténors du parti n'avaient pas eu le droit de participer à la présidentielle en vertu d'une loi interdisant d'être candidat à toute personne ayant soutenu la réforme constitutionnelle voulue par M. Compaoré pour se maintenir au pouvoir.
En application de cette même loi, les principaux candidats du CDP ont également été interdits de concourir à ces municipales. Toutefois, le CDP avait relativement bien résisté aux législatives avec 18 sièges sur 127 et il pourrait réaliser un bon score aux municipales, le parti étant traditionnellement bien ancré dans les campagnes.
"On nous a chassés par la rue, nous reviendrons par les urnes", a prévenu Achille Tapsoba, le président par intérim du CDP. De son côté, l'Union pour le progrès et le changement (UPC), dont le leader Zéphirin Diabré a fini deuxième de la présidentielle, compte améliorer ses acquis.
L'installation de nouveaux conseils municipaux devrait surtout permettre le redémarrage de la coopération décentralisée pour laquelle le Burkina Faso est l'un des principaux bénéficiaires dans le monde.
Elle avait été suspendue par les bailleurs de fonds et par certains partenaires parce que les conseils municipaux étaient dirigés par des délégations spéciales avec à leur tête des préfets nommés en remplacement des maires par le gouvernement de la Transition.
Une grande partie des communes du Burkina sont jumelées à des villes africaines et européennes, surtout françaises.
Outre la coopération culturelle, sportive et même économique, ces jumelages permettent de mettre en place de nombreux projets de développement en faveur des populations à base notamment de construction d'écoles, de centres de santé, de routes et d'adduction d'eau potable.