FIN DE CAMPAGNE SUR FOND DE CRITIQUES
Elections municipales au Mali
Bamako, 18 nov 2016 (AFP) - La campagne pour les élections municipales de dimanche au Mali s'achevait vendredi dans l'acrimonie des critiques de l'opposition, des appels au boycott de l'ex-rébellion du Nord et des menaces jihadistes, ont constaté les correspondants de l'AFP.
Malgré la présence d'affiches des candidats et l'organisation de quelques meetings à Bamako, la capitale n'a pas connu d'effervescence particulière pour ce premier scrutin depuis l'élection du président Ibrahim Boubacar Keïta en août 2013, constamment repoussé depuis 2014.
A travers le pays, la campagne a été encore plus atone, surtout dans le Nord, en raison de la menace jihadiste, des appels au boycott, ou encore de la désaffection de l'électorat envers les partis politiques.
Officiellement, seules 15 des 703 communes du pays ne comportent pas de liste, dans les régions de Kidal et Tessalit (nord-est), a indiqué le directeur général de l'Administration territoriale, Allaye Tessougué.
"A Souleye (300 km au nord de Bamako), les jihadistes ont interdit toute campagne. Ils ont interdit l'affichage de portraits de candidats, avec menace d'exécution", a déclaré vendredi à l'AFP Djiguiba Keïta, du Parti pour la renaissance nationale (Parena, opposition), en campagne dans le centre du pays.
Dans le Nord, la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rébellion), qui contrôle Kidal, a dénoncé l'organisation du scrutin avant l'installation des autorités intérimaires qui devront gérer les cinq régions septentrionales, en vertu de l'accord de paix signé en mai-juin 2015.
"Cet entêtement du gouvernement", a déploré la CMA dans un communiqué, "est aussi une violation des droits civiques de dizaines de milliers de réfugiés et déplacés qui sont directement concernés".
Le chef de l'opposition Soumaïla Cissé, qui était favorable à un nouveau report, a exprimé lors d'une rencontre avec le Premier ministre Modibo Keïta "les graves inquiétudes des populations du nord et du centre du pays face à l'insécurité grandissante qui perturbe sérieusement le bon déroulement de la campagne", selon un communiqué de son parti.
Dans la région de Tombouctou (nord-ouest), où le scrutin doit se tenir dans toutes les communes, des assaillants non identifiés ont attaqué jeudi un véhicule transportant du matériel électoral, qu'ils ont détruit, a-t-on appris auprès d'habitants et d'une source de sécurité locale.
Les auteurs de l'attaque, qui s'est produite à 25 km de Goundam, "ont brûlé le matériel électoral à bord mais ont libéré le véhicule et ses occupants. Manifestement, ils tiennent à saboter les élections", a affirmé un habitant.
Un autre habitant de la région a également exprimé son intention de s'abstenir en raison de l'insécurité. "Comment battre campagne pour recevoir une balle dans la tête?", a-t-il déclaré à l'AFP. "Je reste chez moi. Beaucoup de jeunes sont comme moi".