LA CONTESTATION S'ARRETERA-T-ELLE?
Difficile de dire pour l'instant si sa libération mettra un terme à la tourmente en cours à Dakar et dans d'autres villes. Pour de nombreux Sénégalais, cette contestation dépasse désormais la personne d’Ousmane Sonko.
Avant la décision du juge de libérer le député, l’opposition et les organisations de la société civile avaient lancé un appel à la désobéissance civile.
Un juge de Dakar a ordonné lundi la libération sous contrôle judiciaire du député Ousmane Sonko dont l'arrestation la semaine dernière a déclenché des émeutes meurtrières à travers le Sénégal.
M. Sonko, 46 ans, avait été arrêté mercredi alors qu'il se rendait au tribunal pour répondre à une convocation dans une affaire où il est soupçonné de viol. Il clame son innocence et devra répondre devant le tribunal à une date ultérieure, vu qu'il a été inculpé.
Difficile de dire pour l'instant si sa libération mettra un terme à la tourmente en cours à Dakar et dans d'autres villes. Pour de nombreux Sénégalais, cette contestation dépasse désormais la personne d’Ousmane Sonko.
"Nous avons faim, nous avons soif, cette situation est plus qu’insupportable". Ces mots sortent de la bouche d'un père de famille qui crie au secours. Il a du mal, dit-il, à joindre les deux bouts, à cela s'ajoute une situation socio-politique délétère.
Il n'est pas le seul Sénégalais qui dit vivre un certain malaise en ce moment. Des personnes tuées, des centaines de blessés, des biens publics et privés saccagés, cet habitant de Dakar dénonce le discours du ministre de l'Intérieur qui a attisé le feu, d’après lui.
"Le discours du ministre de l'Intérieur n'a aucun sens. On s'attendait à ce qu'il nous tienne un discours de paix, d'apaisement. Mais au contraire il a envenimé la situation", fustige-t-il.
Le président sénégalais Macky Sall fait un geste en s'adressant à la réunion d'été de l'association patronale MEDEF au complexe hippique de Longchamp, à Paris le 27 août 2020.
Les plus jeunes sont entrés dans la danse et dénoncent la mauvaise conjoncture économique, le chômage, entre autres calamités.
"Ce combat va au-delà de l'affaire Ousmane Sonko. Il y a tellement de choses à pointer du doigt. Rien ne marche dans ce pays", affirme un jeune ayant requis l’anonymat.
Ailleurs, Doudou Diop, un menuisier, dit qu'il n'apprécie guère les violences, les agressions et les cas de vols constatés au quotidien. Pour lui, il faut préserver la paix sociale qui a toujours été la force du Sénégal.
"Il faut que les Sénégalais se calment un peu et surtout qu’ils arrêtent les pillages. Prenons l'exemple de Auchan ou encore de Total, de nombreux Sénégalais y travaillent et risquent de tout perdre. Cela va plonger davantage le pays dans une crise économique sans précédent. Tout ceci me fend le cœur, il faut qu’on se calme", supplie-t-il.
Avant la décision du juge de libérer le député, l’opposition et les organisations de la société civile avaient lancé un appel à la désobéissance civile. Le mot d'ordre sera-t-il annulé ? Difficile de le dire pour l'instant. Entre temps, l’armée sénégalaise a été déployée à Dakar avec des blindés pour parer à toute éventualité.