VIDEOLA POLICE RECHERCHE UN TUNISIEN
Attentat jihadiste de Berlin
AFP - La police allemande recherchait mercredi activement dans tout le pays un Tunisien dont un papier d'identité a été retrouvé dans le camion-bélier à l'origine de l'attentat sur un marché de Noël de Berlin revendiqué par le groupe Etat islamique (EI), selon des médias.
Les enquêteurs ont retrouvé ce document sous le siège du conducteur dans la cabine du poids lourd qui a délibérément foncé sur des chalets en bois du marché très fréquenté, tuant 12 personnes, selon plusieurs journaux allemands.
L'homme, connu sous trois identités et trois âges différents, aurait déposé en avril une demande d'asile en Allemagne. Débouté, il ne serait toutefois pas expulsable.
Le suspect serait lié à un réseau de recruteurs présumés de l'EI en Allemagne et considéré comme particulièrement dangereux, selon les journaux Süddeutsche Zeitung et Bild.
Survenu lundi soir dans un lieu très touristique de Berlin, l'attentat a aussi fait 48 blessés, dont une quinzaine entre la vie et la mort. Il a été revendiqué mardi soir par le groupe jihadiste EI.
La Tunisie est l'un des plus gros fournisseurs de combattants étrangers aux mouvements jihadistes. Quelque 5.500 Tunisiens sont partis ainsi combattre en Syrie, en Irak ou en Libye.
Un homme longtemps présenté lui aussi comme suspect par les autorités, un demandeur d'asile pakistanais interpellé peu après les faits, a été mis mardi soir hors de cause.
Cela signifie "qu'une ou plusieurs personnes" responsables de l'attentat "sont en fuite (...) avec une arme", sans doute celle qui a servi à tuer le chauffeur routier polonais en titre du camion ayant servi à l'attentat, selon le chef de la police, Klaus Kandt.
Le président d'un des principaux syndicats de policiers (BDK), André Schulz, a néanmoins évoqué de "bonnes pistes" et de "très nombreux éléments" dans l'enquête pour retrouver l'auteur du carnage.
"Je suis assez optimiste quant au fait que nous pourrons peut-être demain (mercredi) ou très prochainement présenter un nouveau suspect", a-t-il dit mardi soir sur la chaîne ZDF.
Des centaines d'indices
La police a indiqué examiner plus de 500 indices, parmi lesquels des traces ADN retrouvées dans le camion, des images de vidéo-surveillance et des témoignages divers.
"Tous les hommes disponibles sont dehors" pour retrouver l'auteur de l'attentat, a confié un enquêteur au quotidien Bild.
Le chauffeur routier polonais en titre du camion, retrouvé mort dans la cabine et à qui l'assaillant a apparemment volé le véhicule, a probablement cherché à contrer l'action de l'auteur de l'attentat, selon des médias allemands qui assurent qu'il a tenté en vain de s'emparer du volant de son camion.
L'autopsie a en tous cas montré que ce Polonais de 37 ans, abattu par balles dans la cabine, était encore vivant au moment où son véhicule a été projeté sur le marché, selon Bild, citant des sources proches de l'enquête.
Le corps de cet homme de 120 kg portait des traces de lutte et des coups de couteau.
Son employeur, Ariel Zurawski, a dû reconnaître le corps à partir d'une photo du cadavre: "On y voyait des traces de coups, il était évident qu'il s'était battu. Son visage était ensanglanté, tuméfié. Il y avait une blessure à l'arme blanche", a-t-il raconté.
Berlin n'a pas encore authentifié la revendication de l'EI mais le parquet antiterroriste a jugé que la cible et le mode opératoire semblent signer un acte jihadiste: les circonstances rappellent en effet l'attaque, portant la marque du groupe EI, au camion-bélier le 14 juillet à Nice en France (86 morts).
Sécurité renforcée
Les mesures de sécurité ont été renforcées à Berlin et un débat s'est engagé dans le pays sur la nécessité de protéger les places publiques par des bornes en béton ou d'autoriser l'armée à patrouiller comme cela se fait dans d'autres pays. Le marché de Noël berlinois visé lundi rouvrira jeudi.
Parallèlement, la pression politique s'est encore accrue sur Angela Merkel, qui concentre depuis des mois les critiques pour sa politique migratoire jugée trop généreuse.
Les populistes de droite ont renouvelé leur offensive contre la chancelière, l'accusant, à moins d'un an de législatives, d'avoir mis le pays en danger avec sa politique d'accueil généreuse des réfugiés. Ils ont prévu de manifester en fin de journée devant la chancellerie allemande.
Le carnage s'est déroulé au pied de l'église du Souvenir, l'un des symboles de la capitale allemande.
Six morts sont allemands, selon la police. Les identifications des autres victimes se poursuivent. Sur les 48 blessés, 14 étaient mardi soir entre la vie et la mort, selon le ministère de l'Intérieur.
L'utilisation de véhicules, notamment de camions, pour foncer dans des foules de "mécréants" est préconisée par des jihadistes de l'EI. L'Allemagne avait été jusqu'ici épargnée par les attaques d'ampleur, mais plusieurs attentats ont été commis par des personnes isolées, dont certaines déjà revendiquées par le groupe jihadiste.