LE PÉTROLE NIGÉRIAN EN AGONIE
Le pays enregistre son plus bas niveau de production en plus de 20 ans
Lagos, 10 mai 2016 (AFP) - Le Nigeria a vu sa production de pétrole plonger à son plus bas niveau depuis 22 ans en raison notamment de la recrudescence d'attaques dans la zone principale de production, selon des données publiées mardi.
Selon l'agence financière Bloomberg, la production d'or noir du premier producteur d'Afrique est tombée en dessous de 1,7 million de barils par jour pour la première fois depuis 1994.
Ces dernières années, la production nigériane fluctuait plutôt entre 1,8 et deux millions de barils par jour. Les menaces et les attaques contre des installations de grands groupes pétroliers de la part de rebelles favorables à une meilleure redistribution des revenus du pétrole dans le delta du Niger (sud) ont contribué au recul de la production dans un pays déjà affecté par la chute des cours mondiaux de brut.
Ces nouvelles attaques font craindre un retour au scénario du début des années 2000, lorsqu'une flambée de violence dans le delta du Niger, d'où provient la quasi-totalité de l'or noir nigérian, avait brusquement fait chuter la production.
Les autorités nigérianes avaient finalement réussi à mettre fin aux violences en 2009 par le biais d'une amnistie: quelque 30.000 rebelles ont bénéficié de ce programme, déposant leurs armes en échange d'une aide à la formation et à la reconversion.
Mais le gouvernement, dont les revenus dépendent en grande partie des royalties sur le pétrole, a récemment annoncé la fin de ce programme pour 2018, ce qui a presque coïncidé avec de nouvelles attaques.
Un mouvement nommé "les Vengeurs du Delta du Niger" (NDA) a ainsi revendiqué la semaine dernière l'explosion d'une plateforme du géant pétrolier américain Chevron. Le groupe a chiffré à 35.000 barils sa perte de production quotidienne due à cette attaque.
L'armée nigériane, déjà confrontée aux jihadistes de Boko Haram, a qualifié ces attaques de "terrorisme économique" et s'est engagée à "prendre tous les moyens disponibles dans le cadre de ses règles d'engagement afin d'anéantir les individus ou les groupes" qui en sont responsables.
Au cours du week-end, le groupe pétrolier anglo-néerlandais Shell a, lui, évacué la plupart de ses effectifs de la plateforme Eja. Selon les médias nigérians, 98 employés ont été évacués par hélicoptère, et seule une équipe réduite est restée sur place, avec la protection de l'armée.
Shell n'a pas confirmé avoir mené cette opération. Selon Dirk Steffen, du cabinet de conseil en sécurité maritime Risk Intelligence, cette évacuation était vraisemblablement "une mesure de précaution" à la suite de menaces ciblées proférées par "les Vengeurs du Delta du Niger".