VIDEO"JE SUIS PRÊT À METTRE EN PLACE AVEC L'OPPOSITION UN GOUVERNEMENT D'UNION NATIONALE…"
Le président nigérien Mahamadou Issoufou, réélu pour un deuxième quinquennat
Le président nigérien Mahamadou Issoufou, réélu pour un deuxième quinquennat, a proposé mercredi un gouvernement d'union nationale à l'opposition, qui a boycotté le scrutin du 20 mars et n'en reconnait pas les résultats.
"Je suis prêt à mettre en place avec l'opposition un gouvernement d'union nationale afin de faire face aux menaces auxquelles le peuple nigérien est exposé. Il n'y a pas que ce défi sécuritaire, il y a d'autres défis: le défi du développement économique et social. Tous ces défis nécessitent une union sacrée", a-t-il dit lors d'une interview à l'AFP.
Pays de 18 millions d'habitants parmi les plus pauvres du monde, le Niger vit sous la menace permanente des groupes jihadistes sahéliens et notamment d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) à ses frontières ouest et nord, alors que dans le sud-est il doit faire face aux attaques répétées des islamistes nigérians de Boko Haram, qui ont fait fuir plusieurs centaines de milliers de personnes.
"Ce défi sécuritaire nécessite un sursaut national, un rassemblement des Nigériens, y compris ceux de l'opposition. Il faut un large front pour que nous puissions répondre aux préoccupations, aux aspirations de notre peuple. Je suis prêt à discuter et à dialoguer avec tout le monde, avec les partis politiques qu'ils soient de la majorité ou de l'opposition, avec la société civile", a-t-il insisté.
L'opposition, qui a dénoncé "une mascarade électorale", estime que le président Issoufou ne sera plus légitime à la fin de son mandat qui expire le 1er avril. Elle a notamment appelé à la "résistance citoyenne", jugeant que "toutes les conditions de la violence et du chaos sont réunies".
- Menace mondiale, riposte mondiale -
Le président Issoufou assure que "tout le monde doit prendre conscience que nos pays sont fragiles, qu'ils sont en transition démocratique".
"C'est un moment historique", assure-t-il. "Il ne faut pas sous-estimer la menace. C'est une menace extrêmement grave contre l'existence même de notre pays en tant que Nation".
"On est déterminé à nous organiser, à nous unir, à équiper nos forces de sécurité, à mutualiser nos moyens avec les pays voisins et au-delà avec les pays amis, les Européens, les Américains. Cette menace mondiale nécessite une riposte mondiale", a-t-il dit.
Il estime que l'effort sécuritaire n'est pas "contradictoire" avec l'effort de développement dans un pays où 76% de la population vit avec moins de deux dollars par jour.
"L'expérience a prouvé que les trois aspects sont liés: sécurité, développement, démocratie. C'est sur ce triptyque que je suis en train de travailler depuis cinq ans et que je continuerai à travailler", martèle-t-il
"On a commis l'erreur par le passé avec les programmes d'ajustement structurel (Banque Mondiale et FMI) de se désengager des secteurs sécuritaires. C'était une erreur. La preuve aujourd'hui: nos pays sont tellement faibles pour pouvoir se défendre, (que) tout développement est impossible"
"Car s'il n'y a pas de sécurité il n'y a pas d'agriculture, pas d'infrastructures. Rien ne peut être réalisé sans sécurité. Investir dans la sécurité ce n'est pas jeter de l'argent par la fenêtre comme on a pu le penser dans les années 1980 ou 90", déplore-t-il.
Quant au dernier rang mondial du Niger à l'indice de développement humain, le président assure qu'il va poursuivre les efforts "sur les infrastructures, l'agriculture, sur l'alimentation, sur l'éducation, sur la santé, sur l'accès à l'eau."
"Nous sommes en train de progresser avec un taux de croissance de 6% en moyenne ces 5 dernières années. Mon objectif, c'est de faire 7% pendant le prochain mandat", espère-il promettant de faire en sorte que "le maximum de Nigériens aillent à l'école et qu'ils y restent le maximum de temps. Aujourd'hui, la durée moyenne d'un Nigérien à l'école c'est 5 ans. Je veux porter cette durée à 10 ans".
Le président, qui devrait être investi début avril, nommera sans doute un nouveau Premier ministre et dispose donc d'une dizaine de jours pour convaincre l'opposition.