LES AUTORITÉS RECONNAISSENT LE DÉCÈS D'UN OPPOSANT
Banjul (Gambie), 17 juin 2016 (AFP) - Les autorités gambiennes ont reconnu officiellement la mort, après son arrestation en avril, d'un opposant, dont le décès a conduit à de nouvelles manifestations et arrestations, selon Human Rights Watch (HRW) et une source judiciaire gambienne vendredi.
"Des sources au sein de l'UDP (Parti démocratique uni, principale formation de l'opposition, NDLR) et des avocats" du chef du parti "nous ont dit que le gouvernement gambien a officiellement reconnu en justice le décès en détention de Solo Sandeng", a affirmé HRW dans un courriel jeudi soir à l'AFP à Dakar.
Cette information a été confirmée vendredi par un avocat de la famille d'Ebrima Solo Sandeng à Banjul, précisant qu'il s'agissait d'une réponse écrite à une demande de la défense sur son sort.
"L'Etat a indiqué dans son affidavit (déclaration écrite sous serment) en réponse à notre requête de présentation au tribunal de Solo Sandeng - ou de son corps, s'il est décédé - qu'il était mort. Même s'il est mort, l'Etat doit donner son corps", a déclaré l'avocat.
Dans ce document dont l'AFP a obtenu copie, un responsable de l'Agence nationale du renseignement (NIA) identifié comme Saihou Omar Jeng, déclare que M. Sandeng "a malheureusement perdu la vie durant le processus d'arrestation et de détention" et que "le gouvernement a ouvert une enquête sur son décès".
Estimant cette déclaration "insuffisante", HRW a appelé les autorités à "préciser l'heure, le lieu et la cause présumée" de sa mort. Solo Sandeng, secrétaire national à l'organisation de l'UDP, arrêté le 14 avril avec plusieurs autres personnes après un rassemblement pour réclamer des réformes politiques, est décédé en détention, selon l'UDP et Amnesty International.
Dans un rapport publié le 2 juin, Amnesty affirme qu'il est mort "des suites de tortures" perpétrées à la NIA. Une manifestation le 16 avril dénonçant sa mort a été réprimée et s'est soldée par de nouvelles arrestations, incluant le chef de l'UDP Ousainou Darboe.
Selon des défenseurs des droits de l'Homme, une cinquantaine de personnes arrêtées depuis mi-avril sont actuellement jugées notamment pour rassemblement illégal, incitation à la violence et complot.
Le président Yahya Jammeh a reconnu implicitement sans le nommer la mort en détention de Solo Sandeng, rejetant les demandes de l'ONU et des ONG. "Des gens qui meurent en détention ou pendant un interrogatoire, c'est très commun.
Là, une seule personne est morte et ils veulent une enquête", a-t-il déclaré fin mai à l'hebdomadaire Jeune Afrique. Le 18 avril, le ministre de l'Information Sheriff Bojang avait déclaré à l'AFP ne disposer d'"aucun indice" sur cette mort en détention.