LES HUIT PROPOSITIONS DE MACKY SALL POUR CHANGER LES RELATIONS ENTRE L’EUROPE ET L’AFRIQUE
Repenser la collaboration et établir un partenariat gagnant-gagnant entre l’Europe et l’Afrique, tel est le souhait du président de l’Union Africaine. Il en a fait le plaidoyer hier, lors du 6e sommet regroupant les pays européens et africains.
Cinq ans après le 5ème sommet qui s’est tenu à Abidjan en 2017, la 6e rencontre entre l’UE etl’UA s’est ouverte hier à Bruxelles. Prenant part à ce rendez-vous, le Président Macky Sall, par ailleurs président en exercice de l’Union Africaine (UA), a fait huit propositions allant dans le sens de repenser le partenariat entre les deux continents.
Repenser la collaboration et établir un partenariat gagnant-gagnant entre l’Europe et l’Afrique, tel est le souhait du président de l’Union Africaine. Il en a fait le plaidoyer hier, lors du 6e sommet regroupant les pays européens et africains. Se réjouissant de la décision des deux continents d’engager un dialogue interactif sur sept thématiques, et de parvenir à une déclaration orientée vers l’action, le président sénégalais a fait huit propositions en guise de contribution à la définition de ce nouveau partenariat. Pour lui, il s’agit d’abord de travailler ensemble au renforcement de la collaboration en matière de paix, de sécurité et de lutte contre le terrorisme, à travers la Facilité européenne pour la paix (FEP).
Sur la base de l’expérience acquise en Afrique de l’Est, australe et centrale, la FEP pourrait également soutenir les efforts des pays sahéliens et membres du processus d’Accra face aux attaques des groupes terroristes. Ainsi, le Président de l’Ua a demandé l’appui de l’Europe pour accélérer le processus de réallocation des DTS. Même si, souligne-t-il, l’émission historique de 650 milliards de dollars en DTS, dont l’Afrique a reçu son quota de 33 milliards, pour atténuer en partie le choc de la crise, était le premier objectif du Sommet de Paris de mai dernier sur le financement des économies africaines.
Ainsi, il demande une réallocation de 100 milliards de dollars de DTS des pays riches qui y consentent, en faveur des pays africains largement impactés par la pandémie, selon des modalités à convenir. Macky Sall propose également au sommet l’assouplissement des règles de l’OCDE afin de mieux faciliter l’accès des pays pauvres au crédit export, à des conditions de maturité plus longue et des taux d’intérêts plus soutenables, pour renforcer l’investissement et les échanges commerciaux entre nos deux continents. Ce faisant, il annonce la volonté des dirigeants africains de travailler, avec les partenaires européens, à la mise en œuvre de l’initiative Global Gateway dans le cadre du Programme de Développement des Infrastructures en Afrique (PIDA), en cours d’exécution. Surtout que la transformation structurelle du continent passe par la réalisation des infrastructures routières, autoroutières, ferroviaires, portuaires et aéroportuaires, mais aussi des centrales électriques, de l’agrobusiness, des plateformes industrielles et numériques.
Le Président sénégalais invite l’UE à œuvrer ensemble avec l’Afrique pour la révision des critères d’évaluation du risque d’investissement en Afrique. Car pour lui, la perception du risque reste toujours plus élevée que le risque réel, ce qui renchérit les primes d’assurance, pénalise l’investissement et réduit la compétitivité de nos économies.
A l’en croire, des études récentes montrent qu’au moins 20% des critères de notation de nos pays relèvent plutôt de facteurs subjectifs, certains d’ordre culturel ou linguistique, donc sans relation avec les indicateurs de risque ou de stabilité d’une économie. C’est pourquoi, il appelle à une simplification des formalités et procédures liées aux conditions de financement des projets, dans le respect des règles de bonne gouvernance et de transparence. Et de rappeler que souvent, ces formalités et procédures retardent la formulation et l’exécution des projets, et fragilise l’action publique et suscite des attentes parfois déçues.
Dès lors, il invite les Etats à agir de concert pour un meilleur accès aux vaccins et au renforcement des capacités pharmaceutiques africaines, et à conjuguer leurs efforts pour la protection du climat et la justice climatique. Surtout que l’Afrique soutient l’Accord de Paris sur le climat. In fine, le président de l’UA demande le rapatriement du patrimoine de l’Afrique. «Car, la restitution des œuvres africaines reste une priorité pour nous, parce qu’elles font partie de notre identité civilisationnelle», souligne le Président Macky Sall.