L'ONU CONFIRME LA MORT DE DEUX CIVILS À KIDAL
Bamako, 19 avr 2016 (AFP) - La Mission de l'ONU au Mali (Minusma) a fait état mardi de deux manifestants tués la veille à Kidal, dans le nord-est du pays, lors d'une protestation contre les forces française et étrangères, confirmant un bilan de l'ex-rébellion à dominante touareg.
Les manifestants protestaient contre des arrestations effectuées par la force française Barkhane, qui traque les jihadistes à travers le Sahel, avaient expliqué lundi une source de sécurité africaine au sein de la Minusma et la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rébellion), dont Kidal est le bastion.
Selon un militaire guinéen de la Minusma joint par l'AFP, "les manifestants demandaient la libération de trois Touareg arrêtés par les Français de l'opération Barkhane, accusés d'être complices des terroristes qui ont récemment posé des mines qui ont tué trois militaires français".
Trois soldats français ont été tués par l'explosion le 12 avril d'une mine au passage de leur véhicule blindé près de la ville de Tessalit, au nord de Kidal. Des honneurs nationaux doivent leur être rendus mercredi à Paris en présence des présidents français François Hollande et malien Ibrahim Boubacar Keïta.
L'attaque a ensuite été revendiquée par le groupe jihadiste Ansar Dine de l'ancien chef rebelle touareg devenu islamiste Iyad Ag Ghaly, actif dans la région de Kidal. Le chef de Barkhane, le général Patrick Bréthous, a jugé mardi qu'Ansar Dine était le "plus dangereux" des "groupes armés terroristes" du nord du Mali.
"Jamais nous n'effectuons d'arrestations arbitraires", a assuré le général Bréthous dans une interview à l'AFP à N'Djamena, la capitale tchadienne, qui abrite le quartier général de cette force.
"En aucun cas nous ne nous attaquons à la population, simplement nous avons du renseignement qui nous permet de savoir qu'il y a des terroristes à tel ou tel endroit et nous les saisissons", a-t-il ajouté, interrogé sur la manifestation de Kidal, chef-lieu de région à plus de 1.500 km au nord-est de Bamako, la capitale.
Selon un communiqué de la Minusma mardi après-midi, "deux participants (à la manifestation) ont perdu la vie, quatre autres ont été blessés suite à des tirs d'origine encore inconnue".
La Minusma "déplore vivement ces pertes en vies humaines" et se dit "déterminée à établir les faits" sur ces évènements. "Une commission d'enquête vient d'être mise en place dans ce sens, son travail est actuellement en cours.
Ses conclusions devraient permettre d'identifier la provenance des tirs", affirme-t-elle. Lundi "vers 10H00 (locales et GMT), des manifestants, dont certains munis de cocktails Molotov, se sont introduits par effraction sur la piste de l'aéroport" qu'elle sécurise, "saccageant et mettant le feu aux installations sécuritaires", a déploré la Mission de l'ONU.
A Kidal, le calme régnait mardi, malgré des appels lancés dans la nuit pour une nouvelle manifestation mardi devant le camp de l'ONU, selon des habitants joints par téléphone de Bamako.
"Mais finalement, rien ne s'est passé", a précisé l'un d'eux. D'après des habitants, le marché avait normalement ouvert, les rues avaient renoué avec leur animation habituelle. Un élu de la ville a affirmé que les dégâts causés à l'aéroport lors des violences de lundi ont été "considérables".
"Les manifestants ont tout cassé": "les maisons préfabriquées de la Minusma, le générateur, le muret" d'enceinte d'une partie de l'aéroport, "ils ont même volé des fils de poteaux électriques", a-t-il dit.