MANDAT D’AMENER CONTRE SORO
Le président de l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire visé par la justice française
Abidjan, 7 déc 2015 (AFP) - Les avocats français de Guillaume Soro, président de l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire et ancien chef de la rébellion, ont protesté lundi contre un mandat d'amener émis par la justice française à son encontre dans le cadre d'une plainte du fils de l'ex-président Laurent Gbagbo.
Les avocats de M. Soro "s'élèvent contre l'émission d'un mandat d'amener délivré ce jour par Mme Sabine Khéris, juge d'instruction", indiquent dans un communiqué Me Jean-Paul Benoit et Me Jean-Pierre Mignard.
M. Soro "est, en effet, l'un des représentants officiels de la Côte d'Ivoire à la Conférence" de l'ONU sur le climat qui se déroule près de Paris, écrivent-ils, dénonçant un mandat "délivré en méconnaissance des pratiques et usages diplomatiques admis et reconnus".
La juge d'instruction cherche à entendre M. Soro dans le cadre de la plainte de 2012 de Michel Gbagbo pour "enlèvement, séquestration et traitement dégradant et inhumain", selon des sources concordantes.
Les avocats estiment "choquant" ce mandat, assurant avoir "pris contact à plusieurs reprises avec la juge" et que "celle-ci dispose dorénavant de tous les documents nécessaires qui pouvaient lui manquer".
"Les faits allégués, minimes, restent à prouver. M. Michel Gbagbo s'est plaint des conditions de son arrestation (...) Aucune preuve de violences physiques n'a pu être établie lors de cette arrestation", affirment-ils.
"A l'époque des faits, M. Soro était Premier ministre, ministre de la défense. C'est à ce titre qu'il est abusivement visé par une plainte", indiquent ses avocats assurant qu'il "coopérera avec la justice française qu'il saisit de son côté d'une plainte en dénonciation calomnieuse contre M. Michel Gbagbo".
Selon une source proche du dossier, des policiers se sont présentés lundi au domicile français de M. Soro qui était absent. "Les policiers ont entendu les personnes présentes et ont informé la juge", a-t-elle précisé.
Accusé d'"attentat ou complot contre l'autorité de l'Etat" par la justice ivoirienne, Michel Gbagbo, capturé avec son père Laurent Gbagbo le 11 avril 2011, avait été remis en liberté provisoire en juillet 2013.
Ce citoyen franco-ivoirien a porté plainte en France contre M. Soro. Il a été empêché à plusieurs reprises de sortir du territoire ivoirien pour répondre au juge, selon son avocate.
M. Soro, deuxième personnage de l'Etat, fait partie de la coalition au pouvoir dirigée par Alassane Ouattara, réélu président fin octobre dès le premier tour.
En 2010, le refus du président Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite à la présidentielle avait débouché sur une crise post-électorale qui a fait 3.000 morts. M. Gbagbo doit être jugé le 28 janvier pour crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye où il est détenu.