MOI, SÉNÉGALAIS JIHADISTE !
Témoignage d’un trentenaire qui justifie son engagement par la non application de la charia dans son pays – Il critique l’islam confrérique qui y a cours et promet de combattre ses adeptes
(SenePlus.Com, Dakar) - Sur les 5000 jihadistes répertoriés en ce moment en Libye par les Etats-Unis, une trentaine seraient sénégalais. Localisés à Syrte, la plupart ont décidé de s’afficher au grand jour, sur les réseaux sociaux. Fusils d’assaut et ceintures d’explosifs exhibés ostensiblement (*). L’un d’eux a même accepté de parler à RFI.
La trentaine, s'exprimant parfaitement en français et prétendant avoir pris part à la bataille d’al-Sedra pour le contrôle du croissant pétrolier libyen, ce Jihadiste dont le nom n’a pas été mentionné s’affiche, selon la Radio mondiale, tout sourire sur Facebook. Il affirme : "Les Sénégalais sont très nombreux ici à Syrte, Nofiliah, Ben Jawad, et nous avons aussi des partisans au Sénégal."
Sur les conditions de leur arrivée en Lybie, il ne laisse rien filtrer. "Le chemin est top secret", lâche-t-il. En revanhce, il consent de lever un bout du voile sur les raisons de son engagement. "J’avais vu que je ne pouvais plus vivre au Sénégal car la charia n’est pas appliquée, indique-t-il. J’ai toujours voulu aller en Syrie mais Allah ne me l’a pas permis, je me suis donc dit qu’il fallait aller en Libye car c’est le même jihad."
Avant de s’envoler pour Syrte, il a tenté de mener le Jihad sur le sol sénégalais. Malheureusement pour lui, "les armes sont difficiles à trouver". Au pays de Khadafi, le terrain est propice. Il reçoit un entrainement militaire et devient combattant de l’État islamique.
Prochaine étape ? Le Sénégal ? Sa réponse laisse deviner que oui. "Le jihad est notre religion, l’islam nous a ordonné de combattre ceux qui ont apostasié, assène-t-il. Au Sénégal, l’islam est caricaturé et le Sénégal va savoir qu’Allah nous a choisis pour combattre."
Dans sa ligne de mire, "les mourides qui adorent Serigne Touba en dehors d’Allah". Ils "seront combattus", décrète-t-il.
Jusque-là les autorités refusent de se prononcer sur ces jeunes présentés comme des Sénégalais combattant pour l'État islamique. Quelques arrestations d'imams considérés comme radicaux et soupçonnés de connivence avec les réseaux jihadistes sont cependant notées ces derniers mois. Tandis que les forces de sécurité sont omniprésentes dans les rues de Dakar, à l'entrée des grands hôtels et des ambassades occidentales.
* Voir illustration de ce papier. La photo et le texte en arabe sont tirés de la page Facebook de l’une des personnes se présentant comme un Sénégalais Jihadiste.