NEUF BANQUES NIGÉRIANES SUSPENDUES
Marché international des changes
Lagos, 26 août 2016 (AFP) - Neuf banques nigérianes exclues cette semaine du marché international des changes pour ne pas avoir versé l'argent qu'elles devaient au gouvernement veulent négocier une sortie de crise alors que la chute du naira se poursuivait vendredi.
Mardi, la Banque centrale du Nigeria (CBN) a suspendu neuf banques nigérianes qui avaient conservé 2,12 milliards de dollars appartenant à la compagnie pétrolière publique (NNPC) et à la société de liquéfaction de gaz (NLNG), ce qui est interdit par une nouvelle régulation du pays.
Le gouvernement du président Muhammadu Buhari, qui a pris ses fonctions en mai 2015, a demandé à ce que toutes les recettes publiques (des compagnies d'Etat et des ministères) soient versées sur un compte unique de trésorerie (Treasury Single Account, TSA) pour éviter les fraudes dans le cadre de la lutte contre la corruption.
Mais Diamond Bank, Fidelity Bank, First Bank, First City Monument Bank, Heritage Bank, Keystone Bank, Skye Bank, Sterling Bank et United Bank for Africa ont dépassé la date limite d'un an, fixée par la régulation pour clore les comptes d'Etat et transférer l'argent à la CBN.
Suite à la suspension qui prive les banques de l'accès au marché international des devises, le naira nigérian continue de perdre de sa valeur au taux non-officiel.
Vendredi un dollar s'échangeait contre 412 nairas (contre 390 mardi) au marché noir, et se maintient à 315 naira pour un dollar au taux officiel.
"Nous avons rencontré des responsables de la CBN afin de trouver une solution à l'impasse dans laquelle nous nous trouvons car, si la crise persiste, les répercussions sur le système financier pourraient être terribles", a déclaré à l'AFP un haut responsable d'une des banques concernées.
Il a précisé que l'exclusion pourrait entraîner une panique des usagers, se ruant vers les distributeurs automatiques pour récupérer leurs dépôts.
L'économie nigériane, dépendante du pétrole, sera officiellement en récession à la fin du mois d'août, à cause de la chute des cours du pétrole qui a entraîné un manque de devises étrangères, plombant les recettes du gouvernement et causant une forte inflation (+ 16,5% en juin, un record ces 11 dernières années).
Pour le directeur de l'institut Jeff and O'brien Training, Pascal Odibo, cette suspension est une erreur: "Nous ne devrions pas tuer une fourmi avec un marteau-piqueur.
Exclure neuf banques du marché des changes alors qu'on se trouve en récession ne fera qu'empirer la situation".
En juin, la CBN a décidé de laisser flotter la monnaie nigériane après en avoir maintenu le cours artificiellement élevé pour tenter de garder des prix bas.