NIGER : L'INERTIE AFRICAINE ET LES DÉFIS OCCIDENTAUX
Les États-Unis et la France font face à des dilemmes complexes. L’apathie des pays de la région, dont plusieurs ont historiquement été influencés par la France, met en évidence le recul de l’influence de Paris
À la suite du coup d’État qui a renversé le président Mohamed Bazoum au Niger, l’Afrique de l’Ouest fait face à un malaise croissant tandis que les pays occidentaux, notamment la France et les États-Unis, se trouvent dans une situation délicate quant à la possibilité de maintenir une présence militaire dans la région. Cette crise souligne les défis persistants auxquels sont confrontés les pays de la région dans leurs efforts pour rétablir l’ordre constitutionnel.
L’éditorial du journal français Le Monde, publié ce vendredi 11 août 2023, souligne que les jours qui passent mettent en lumière le malaise croissant des États de l’Afrique de l’Ouest dans leur tentative de restaurer la démocratie et l’ordre constitutionnel au Niger. Le pays est le quatrième des quinze membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à être ciblé par un coup d’État militaire en trois ans. La CEDEAO, après avoir évoqué un ultimatum en vue d’un recours à la force, a adopté une approche plus nuancée lors d’un sommet à Abuja (Nigeria) jeudi, en donnant la priorité aux négociations diplomatiques et au dialogue.
La CEDEAO fait face à des défis complexes alors que ses dirigeants s’unissent dans la crainte de subir le même sort que le président renversé, Mohamed Bazoum. Cependant, les tentatives de médiation ont été rejetées par les putschistes, et les dirigeants de la région craignent une escalade régionale qui pourrait profiter aux opposants politiques et aux groupes djihadistes.
Le rôle de la CEDEAO dans ces situations reste sujet à débat, selon Le Monde. Bien que l’organisation dispose d’une force militaire sur le papier pour rétablir l’ordre constitutionnel, cette force n’a pas été déployée lors de récents coups d’État. L’éditorial souligne que l’inertie des pays de la région, dont plusieurs ont historiquement été influencés par la France, met en évidence le recul de l’influence de Paris. Les enjeux stratégiques du Niger, en tant que carrefour entre le Sahel, l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest, sont de la plus haute importance pour les États-Unis et la France, indique le texte.
Ce dernier estime que les États-Unis et la France font face à des dilemmes complexes. Alors que le Niger joue un rôle clé dans la lutte contre les groupes djihadistes et dans la gestion de l’influence russe en Afrique, les deux pays doivent déterminer s’ils maintiendront une présence militaire dans la région. Le journal français assure que les Américains, tout comme les Français, tentent de préserver les liens avec les hauts gradés nigériens formés dans leurs écoles militaires, tout en évitant de qualifier la situation de “coup d’État” pour ne pas geler leur aide militaire.
L’éditorial affirme que la crise au Niger souligne l’impasse dans laquelle se trouvent les acteurs régionaux et internationaux. Les complexités politiques, économiques et sécuritaires nécessiteront une approche nuancée pour résoudre cette crise en Afrique de l’Ouest, tout en redéfinissant la politique occidentale vis-à-vis de la région, conclu le texte.