NIGERIA : LES JUGES ARRÊTÉS LIBÉRÉS SOUS CAUTION
Abuja, 10 oct 2016 (AFP) - Tous les juges arrêtés pendant le week-end dans un raid de la police secrète ont été libérés sous caution, a annoncé lundi soir une source des services nigérians, au moment où l'affaire a suscité une vive polémique au Nigeria.
"Ils ont tous été relâchés sous caution hier (dimanche) et sont revenus le lendemain (lundi) à 10 heures comme il leur avait été demandé pour les besoins de l'enquête, et ils sont ensuite retourné chez eux", a affirmé à l'AFP une source de la DSS (Département des services d'Etat) proche du dossier.
"Tout s'est très bien passé, dans les règles et de manière civile", a-t-il ajouté. De nombreux avocats spécialisés dans la défense des droits de l'Homme ainsi que le Conseil national de la magistrature se sont indignés de ces arrestations.
Au moins sept juges ont été arrêtés au cours du week-end, soupçonnés d'avoir touché des pots-de-vin. L'enquête porte sur un total de 15 juges soupçonnés de corruption.
Les autorités fédérales affirment avoir saisi 800.000 dollars (715.000 euros) lors de descentes aux domiciles de magistrats à travers tout le pays, basées sur "des allégations de corruption et de fautes professionnelles" de la part de certains juges.
Lundi, le président de la Cour suprême du Nigeria, Mahmud Mohammed, a dénoncé ces arrestations, qualifiant la situation de "vraiment très triste et profondément regrettable", tout en demandant à ses compatriotes de "rester calmes".
"Je tiens à souligner que nous ne sommes pas dans un régime militaire", a protesté son représentant, Abubakar Mahmoud, lors d'une conférence de presse.
La DSS affirme que ce raid a été mené par "manque de coopération du Conseil de la Magitrature", qui a refusé que les juges concernés ne soient "interrogés par les services de la police secrète" depuis leur demande en avril 2016.
Le Conseil de la magistrature a décidé de se réunir en session d'urgence mardi. Le président Muhammadu Buhari, ancien militaire au pouvoir dans les années 1980, puis élu en 2015 à la tête du pays, a lancé une vaste campagne anticorruption, dans un pays où la corruption est endémique.
Louée pendant plusieurs mois, cette politique est peu à peu perçue comme un moyen de museler les membres du gouvernement précédent.