POUSSÉE DÉMOCRATE MAIS PAS DE "VAGUE" ANTI-TRUMP
Deux ans après la victoire choc de Donald Trump, propulsé à la Maison Blanche sans la moindre expérience politique ou diplomatique, les Américains se sont pressés en nombre dans les bureaux de vote à travers le pays
Les démocrates ont engrangé mardi soir une victoire précieuse dans les élections de mi-mandat en prenant le contrôle partiel du Congrès mais la "vague" anti-Trump un temps annoncée n'a pas eu lieu.
Deux ans après la victoire choc de Donald Trump, propulsé à la Maison Blanche sans la moindre expérience politique ou diplomatique, les Américains se sont pressés en nombre dans les bureaux de vote à travers le pays.
Selon les estimations des chaînes américaines, les démocrates ont repris le contrôle de la Chambre des représentants pour la première fois depuis 2010. Les républicains, de leur côté, ont conservé leur majorité au Sénat, qu'il pourraient même accroître d'un ou deux sièges.
Les Etats-Unis se retrouveront donc, en janvier 2019, avec un 116e Congrès divisé, ce qui devrait limiter la marge de manoeuvre du 45e président des Etats-Unis, jusqu'aux prochaines élections, législatives et présidentielle, prévues en novembre 2020.
Les élections de mi-mandat sont traditionnellement délicates pour le président en place. Mais la perte de la Chambre, en dépit des excellents chiffres de l'économie américaine, reste un revers pour le magnat de l'immobilier tant il avait fait de ce rendez-vous un véritable référendum sur sa personne.
En milieu de soirée, la porte-parole de la Maison Blanche a exprimé une forme d'optimisme. "A ce stade, nous sommes satisfaits mais la nuit est encore longue", a déclaré Sarah Sanders sur Fox News.
- "Satisfait de l'économie" -
La carte électorale sénatoriale jouait, cette année, en faveur des républicains: le renouvellement par tiers concernait cette année des Etats majoritairement conservateurs.
Le nombre de votants n'est pas centralisé par une autorité électorale unique aux Etats-Unis, mais au Texas, à New York ou dans le Maryland, électeurs et scrutateurs interrogés par l'AFP semblaient surpris par l'affluence.
A l'Université d'Irvine, 60 km au sud de Los Angeles, les électeurs se sont pressés en nombre.
John Savarese, étudiant en psychologie de 26 ans, a grandi à Fullerton, une ville d'Orange County réputée pour être très conservatrice. Mais il a voté démocrate. Ses parents sont des républicains convaincus, il est fiancé à une jeune fille d'origine mexicaine, Américaine de première génération: "Quand je vois les difficultés que sa famille endure en ce moment, je ne pouvais pas ne pas voter", explique-t-il à l'AFP.
Nicky Davidson, étudiante en biologie, 20 ans, a elle voté républicain au nom de ses "croyances chrétiennes" notamment. Donald Trump "n'est pas un président classique mais ce n'est pas une raison pour ne pas le soutenir", explique-t-elle. "Il fait les choses différemment, et c'est ça dont nous avons besoin".
Reprenant l'argument de campagne du président, James Gerlock, 27 ans, a voté républicain à Chicago car il "adore la déréglementation" en cours. "Je suis extrêmement satisfait de l'économie".
Donald Trump, qui est resté cloîtré mardi à la Maison Blanche, a fait campagne jusqu'au dernier moment, enchaînant les rassemblements "Make America Great Again".
Le magnat de l'immobilier, qui avait commencé sa campagne présidentielle en traitant les immigrés mexicains de "violeurs", a de nouveau opté cette année pour un message anxiogène sur l'immigration.
"C'est une invasion", martèle-t-il depuis plusieurs semaines à propos des migrants d'Amérique centrale qui traversent actuellement, en groupe, le Mexique vers la frontière américaine.
- Première Amérindienne au Congrès -
Ces élections ont donné lieu à de nombreuses premières.
La démocrate du Kansas Sharice Davids, avocate férue d'arts martiaux, est devenue la première Amérindienne à être élue au Congrès en l'emportant sur des terres conservatrices.
Ilhan Omar et Rashida Tlaib, respectivement du Minnesota et du Michigan, sont devenues les deux premières femmes de confession musulmane élues à la Chambre des représentants.
"On a réussi, ensemble. Merci!", a tweeté Ilhan Omar, une réfugiée somalienne, avant d'écrire à l'attention de Rashida Tlaib, née à Détroit de parents immigrés palestiniens: "Félicitations à ma soeur Rashida Tlaib pour sa victoire. J'ai hâte de siéger avec toi, inchallah".
Grande première aussi dans le Colorado (ouest) où le démocrate Jared Polis est devenu le premier gouverneur ouvertement gay d'un Etat américain.
Le jeune espoir démocrate Beto O'Rourke,qui avait reçu tardivement le soutien de la chanteuse Beyoncé, n'a pas réussi à créer la surprise au Texas. Le sénateur sortant Ted Cruz, auquel Donald Trump était venu prêter main forte, a été réélu à l'issue d'une course très serrée.