TRUMP FERME LES FRONTIÈRES AMÉRICAINES AUX VOYAGEURS EN PROVENANCE D'EUROPE
La mesure, à laquelle échappe le Royaume-Uni, s'appliquera dès vendredi, à minuit, pour 30 jours, sauf exceptions, pour endiguer les risques de contamination au coronavirus
Devant une crise qui prend de l'ampleur, Donald Trump s'est adressé aux Américains depuis le bureau ovale, annonçant entre autres la suspension des voyages vers les États-Unis en partance du continent européen.
La mesure, à laquelle échappe le Royaume-Uni, s'appliquera dès vendredi, à minuit, pour 30 jours, sauf exceptions.
Ceci n'est pas une crise financière, a martelé le président Trump, au terme d'une journée où le Dow Jones, l'indice vedette de la bourse new-yorkaise, a plongé de 5,86 %. Le coronavirus a eu raison de 11 années de hausse ininterrompue à Wall Street, emportée dans une nouvelle tornade à la fin d'une journée mouvementée sur les marchés financiers.
Le président américain n'a pas décrété l'état d'urgence, comme l'avaient évoqué des médias.
Donald Trump avait annoncé son allocution devant les journalistes quelques heures plus tôt, au cours d'une rencontre à la Maison-Blanche avec les patrons des grandes banques américaines.
Les États-Unis ont franchi le cap d'un millier de cas de COVID-19 recensés, parmi lesquels on compte près d'une quarantaine de morts, et Wall Street subit les contrecoups de l'évolution implacable du coronavirus.
Selon CNN, Donald Trump a par ailleurs fait de son gendre Jared Kushner un conseiller dans ce dossier.
Il y a deux jours, le président américain a dit envisager un plan économique pour juguler les effets de la crise, évoquant une éventuelle réduction de l'impôt sur les salaires, des congés de maladie aux travailleurs, des prêts aux petites entreprises et des mesures d'aide aux entreprises liées au tourisme.
D'après le Washington Post, le coronavirus a entraîné la mise à pied de centaines de travailleurs, notamment dans l'industrie touristique.
Vendredi dernier, Donald Trump a par ailleurs approuvé un projet de loi bipartite du Congrès approuvant une aide d'urgence de 8,3 milliards de dollars américains pour le traitement et la prévention de la COVID-19. C'est trois fois plus que la somme qui avait été jugée nécessaire par son administration.
En quelques jours, le nombre de cas sur le territoire américain a doublé, passant selon CNN à plus de 1200, le virus n'épargnant plus qu'une dizaine d'États. Trente-sept personnes ont succombé au virus.
L'état d'urgence a été déclaré dans une quinzaine d'États américains, dont Washington, New York et la Californie, qui cumulent à eux trois près de 800 cas et la quasi-totalité des victimes.
Une situation banalisée
Accusé par ses adversaires de prendre à la légère la menace posée à la santé publique, désormais considérée comme une pandémie mondiale par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le président Trump a multiplié au cours des dernières semaines les affirmations contredisant le message de son administration, véhiculant même des informations erronées.
Donald Trump, qui a comparé à plusieurs reprises la COVID-19 à la grippe saisonnière, a, avant-hier, banalisé le nombre de victimes susceptibles de succomber à la première, affirmant que la deuxième faisait bien plus de victimes.
Comparaissant aujourd'hui devant un comité de la Chambre des représentants, le directeur de l'Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), Anthony Fauci, a pour sa part martelé que la COVID-19 avait un taux de létalité de beaucoup supérieur.
Les gens disent toujours : "La grippe fait ceci, la grippe fait cela", a-t-il déclaré. La grippe a un taux de mortalité de 0,1 %. Le taux de mortalité [de la COVID-19] est dix fois plus élevé. C'est la raison pour laquelle je tiens à insister sur le fait que nous devons garder une longueur d'avance dans la prévention de cette maladie.
Ultimement, ça va s'aggraver, a averti l'immunologiste, membre de l'équipe gouvernementale chargée de lutter contre la propagation du coronavirus et coordonnée par le vice-président Mike Pence.
Le président cherche plutôt à se faire rassurant. Ça va disparaître. Il faut juste rester calme. Ça va disparaître, a-t-il martelé devant les journalistes hier, vantant la gestion de la crise par son administration.
Le Dr Fauci a en outre recommandé de ne pas tenir d'événements attirant des foules nombreuses. Si cela signifie des gradins vides lors des matchs de la NBA [Association nationale de basketball], qu'il en soit ainsi. En tant que responsable de la santé publique, [ma position est que] tout événement mobilisant de grandes foules augmente les risques de propagation [du virus], a-t-il illustré, se gardant soigneusement de parler de rassemblements politiques.
Donald Trump a déjà indiqué qu'il n'était pas question d'annuler ses rassemblements partisans, qui attirent des milliers de personnes.
Un sondage de la firme Morning Consult publié il y a quelques jours montre que les Américains sont de plus en plus critiques de la gestion du dossier par leur président. Il y a un mois, 34 % appuyaient fermement sa façon de gérer la crise, tandis que 14 % la désapprouvaient avec autant de vigueur. Le dernier coup de sonde indique que les pourcentages sont respectivement passés à 24 % et à 31 %.