UN EXTRAIT DE LA BIBLE DERRIÈRE UN MANUSCRIT DU CORAN DU 8e SIÈCLE
Alors qu’elle analysait un manuscrit du Coran issu d’un portfolio vendu par la maison de vente aux enchères Christie’s en 2008, la chercheuse au Collège de France Eléonore Cellard fait une découverte étonnante

Une découverte inestimable pour les chercheurs. Alors qu’elle analysait un manuscrit du Coran issu d’un portfolio vendu par la maison de vente aux enchères Christie’s en 2008, la chercheuse au Collège de France Eléonore Cellard fait une découverte étonnante.
A l’arrière d’une page, cette dernière, qui mène des recherches sur les manuscrits du Coran depuis une dizaine d’années, déchiffre des lettres écrites en sahidique, la langue des coptes (chrétiens d’Egypte). « Des fragments coraniques étaient copiés sur un parchemin de seconde main », explique-t-elle au HuffPost Maroc.
La chercheuse contacte alors Christie’s qui lui envoie rapidement des versions du document en haute définition. « Grâce aux images et à leur re-travail sur Photoshop, quelques mots du texte inférieur copte ont pu être déchiffrés. Nous savons désormais qu’au moins une partie de ce texte contenait des passages bibliques, écrits dans le dialecte sahidique » explique-t-elle.
Un document venu d’Egypte?
Le document en question a depuis été vendu par Christie’s pour 596.750 livres sterling (soit 678.504 euros), dépassant largement sa valeur estimée entre 80.000 et 120.000 livres sterling. « L’importance de ce texte résonne avec les réalités historiques des communautés religieuses au Moyen-Orient et est, en tant que tel, un vestige inestimable des premiers siècles de l’islam » explique la maison internationale de vente aux enchères dans un communiqué.
Un fragment qui, selon Eléonore Cellard, pourrait provenir d’Égypte. « Comme la communauté copte était essentiellement basée en Égypte, il est hautement probable que le manuscrit ait été réalisé également en Égypte. D’amples analyses du texte sous-jacent nous permettront peut-être de situer plus précisément l’origine du manuscrit ».
Pour le spécialiste de Christie’s Romain Pingannaud, cité par le quotidien britannique The Guardian, cette découverte apporte des informations primordiales sur « les contacts entre les communautés au deuxième siècle de l’islam ». « Nous avons ici un témoin des interactions culturelles entre les différentes communautés religieuses », affirme Eléonore Cellard.