387 JOURNALISTES ENCORE EN DETENTION EN 2020
L’année 2020 n’a pas été de tout repos pour les professionnels des médias, dans l’exercice de leur métier, à travers le monde
L’année 2020 n’a pas été de tout repos pour les professionnels des médias, dans l’exercice de leur métier, à travers le monde. Selon le Rapport 2020 de Reporters sans frontières (RSF), publié hier, lundi 14 décembre, un nombre élevé de journalistes est encore en détention en cette fin 2020 : ils sont 387 en prison, 54 retenus en otage et 4 portés disparus au cours de l’année.
Alors que l’année 2020 tire à sa fin, l’ONG Reporters sans frontières (RSF) dénombre un nombre élevé de journalistes en détention. Dans son Rapport publié hier, lundi 14 décembre, RSF déplore 387 détenus, 54 retenus en otage et 4 portés disparus au cours de l’année. Un bilan qui avoisine celui de 2019 où ils étaient 389 journalistes emprisonnés et dépasse celui de 2015 avec 328 journalistes écroués.
RSF qui précise que ce décompte inclut les journalistes professionnels et non professionnels dont des femmes journalistes, souligne que leur nombre est en augmentation de 35%, rapporte Emedia. «L’année 2020 a permis la libération de détenues emblématiques, comme la célèbre journaliste et militante des droits humains iranienne, Narges Mohammadi, mais a aussi vu 17 autres femmes journalistes jetées derrière les barreaux, dont 4 au Bélarus, qui connaît une répression sans précédent depuis l’élection présidentielle controversée du 9 août 2020, 4 en Iran et 2 en Chine, où la répression s’est renforcée avec la crise sanitaire, ainsi que 3 en Egypte, 2 au Cambodge et 1 au Vietnam et 1 au Guatemala», note la source.
Covid-19 et multiplication par trois du nombre d’arrestations de journalistes, en Afrique subsaharienne, en trois mois
Et comme si cela ne suffisait pas, la pandémie de Covid-19 a eu un impact sur le nombre de journalistes incarcérés au cours de l’année. Alors que les appels se sont multipliés pour demander la libération d’urgence des prisonniers d’opinion, dont les journalistes, afin qu’ils ne soient pas exposés au coronavirus en prison, la crise sanitaire a, au contraire suscité, un nombre d’incarcérations supplémentaires : 14 journalistes, arrêtés dans le cadre de leur couverture de la Covid-19, sont toujours en prison à ce jour.
Et, par régions, le Rapport de RSF souligne que l’Afrique connaît trois fois plus d’arrestations en trois mois. Bref, il y a eu une multiplication par trois du nombre d’arrestations de journalistes, en Afrique subsaharienne, entre le 15 mars et le 15 mai 2020, par rapport à la même période l’année précédente. Ce qui fait en tout, que 40 arrestations en lien avec la couverture de l’épidémie ont été recensées entre début mars et fin novembre. Au Zimbabwe, le journaliste d’investigation Hopewell Chin’ono a passé près d’un mois et demi derrière les barreaux après avoir contribué à révéler des détournements de fonds publics en lien avec l’achat de matériel destiné à lutter contre le coronavirus. Parmi les détenus, RSF liste son correspondant en Algérie, Khaled Drareni, qui collabore également avec TV5 Monde.
Chine, Égypte, Arabie Saoudite, Vietnam et Syrie, le quinte des plus grandes prisons pour journalistes
Dans le reste du monde, l’ONG internationale de défense des droits des professionnels des médias révèle 61% des journalistes détenus à travers le monde, soit plus de la moitié, le sont dans seulement cinq pays. Ainsi, pour la deuxième année consécutive, la Chine, l’Egypte, l’Arabie Saoudite, le Vietnam et la Syrie forment le quinté des plus grandes prisons pour les journalistes au monde. De son côté aussi, la Chine a très largement censuré les critiques de sa gestion de la crise sanitaire sur les réseaux sociaux du pays. Conséquence, au moins 7 journalistes, lanceurs d’alerte ou commentateurs politiques influents, arrêtés pour leur travail sur la pandémie de Covid-19, sont toujours détenus. Parmi eux, Cai Wei et Chen Mei, deux journalistes non professionnels. La répression du régime de Pékin ne s’arrête pas qu’aux seuls journalistes nationaux. Une journaliste australienne d’origine chinoise, Cheng Lei, travaillant pour un média chinois, est détenue au secret, sans motif officiel depuis le 14 août 2020. L’éditeur de livres d’enquêtes journalistiques Gui Minhai, un citoyen suédois basé à Hong Kong, enlevé en Thaïlande en 2015, a pour sa part été condamné à 10 ans de prison en février 2020 pour «fourniture illégale de renseignements à des pays étrangers».