BOUGANE GÈYE S'ATTIRE LES FOUDRES DE LA PRESSE
Le patron de Dmédia qui affirme à qui veut l’entendre transformer en or, tout ce qu’il touche, est l'objet de nombreuses critiques
Aucun sondage sérieux ne l’a jamais placé leader dans le domaine de la presse avec son groupe Dmédia, mais Bougane Guèye Dani, qui se vante de peser 400 milliards de Fcfa, affirme à qui veut l’entendre transformer en or, tout ce qu’il touche. En ce moment, il s'attire plutôt des critiques.
Bougane Guèye Daniel, alias Bougane, le patron du groupe de Dmédia, vient d'assigner en justice trois de ses ex-employés auxquels il reproche une rupture abusive de contrat. Il s'agit de journalistes qui étaient présentateurs sur sa chaîne de télévision SenTV et qui ont rejoint la nouvelle chaîne 7TV dont l'audience ne cesse de monter de façon surprenante. Est-ce le succès de cette nouvelle télévision qui donne de l'urticaire à celui qui, par ses déclarations, se prend pour l'unique méritant dans la presse sénégalaise? Ou bien les journalistes assignés en justice auraient-ils commis un crime de lèse-majesté envers lui en le quittant pour la concurrence ?
En tout cas, depuis hier, c'est l'information qui défraie la chronique dans les médias et qui suscite dans la presse et dans l'opinion publique des réactions de soutien en faveur des journalistes et de condamnation envers Bougane. Interrogés, les trois concernés balaient d'un revers de main ces accusations qu'ils qualifient de "ridicules" et de "grotesques". "Nous avons tous présenté des lettres de démission en bonne et due forme. Nous n'avons quitté sa chaîne qu'au terme d'un préavis conforme à la loi et au stipulé de notre contrat", expliquent-ils. Et brandissant son téléphone, l'un d'eux n'hésite pas à montrer les derniers échanges tout à fait cordiaux qu'il a eus avec son patron dans cette période de préavis.
Au Sénégal, la presse ne semble pas apprécier cette énième action en justice de Bougane Guèye Daniel contre d'ex-collaborateurs. Car l'homme est un habitué des faits. Plusieurs sites d’informations appellent à la solidarité envers les journalistes traqués par celui qui est qualifié d'arriviste et de prétentieux. Le site Dakaractu, connu pour son sérieux, pose une question qui semble être une prise de position en faveur des journalistes en titrant: "Plaintes et complaintes: faut-il dénoncer l'acharnement de Bougane sur ses ex-employés?" Alors que le site Actuplus qui ne cache pas son soutien aux présentateurs titre: "Bougane Guèye, un patron malhonnête et irrespectueux envers ses employés".
Autrefois très discret, Bougane Gueye Dany a voulu du jour au lendemain sortir de son anonymat avec son mouvement politique dénommé "Guem sa bop" (croire en soi). Multipliant tournées et sorties médiatiques avec son groupe de presse qu’il utilise pour passer en boucle ses différentes interventions, il dit inciter les jeunes à faire comme lui qui était d’une extrême pauvreté il y a quelques années.
Seulement, il y a beaucoup de différence entre le message qu’il véhicule et ce qu’il est réellement. Propriétaire d’un groupe de presse, cet homme irrespectueux et arrogant envers ses employés est en ce moment engagé dans plusieurs batailles judiciaires. Récemment condamné à payer des dommages et intérêts pour licenciement abusif à deux de ses anciens employés, ce même Bougane est celui qui quelques mois auparavant avait fermé son quotidien d’information et mis tous les employés en chômage technique, juste parce que certains au sein du groupe avaient mis sur pied un syndicat.
Se sachant lâché par ses confrères et l'opinion publique, il a filé la patate chaude à son conseil juridique. Ce dernier multiplie ses sorties dans la presse pour déclarer que le "sieur Bougane n’a pas engagé ces poursuites, mais c'est lui son avocat qui, de son propre chef, défend les intérêts de l’entreprise". On ne pouvait pas trouver, une explication plus tarabiscotée, mais le juriste s'y accroche. "Les anciens journalistes de DMedia ne sont pas poursuivis pour rupture de contrat, mais pour non-respect de la clause de non-concurrence, ce qui signifie que les démissionnaires n’ont pas le droit de travailler pour un groupe concurrent pendant une certaine période". Une interprétation jugée abusive par beaucoup, puisque de tout temps, les journalistes ont changé d'organe de presse dès qu'il en quittait un.