« DEPUIS UN AN, L’APS N’A PAS D’INTERNET NI DE TÉLÉPHONE »
Bamba Kasse, secrétaire général du Synpics/Aps
Les travailleurs de l’Agence de presse sénégalaise (Aps) en ont marre d’être dans la précarité. ils ne supportent plus de voir leur outil de travail sombrer, depuis 15 ans, dans le chaos. signe des conditions exécrables dans lesquelles, ils travaillent, Bamba Kassé et ses camarades qui étaient en assemblée générale soutiennent que l’Aps n’a pas d’internet ni de téléphone depuis un an. une situation consécutive à la lourde ardoise qu’elle doit à la Sonatel.
Toute la presse nationale, les organisations des médias (Cap, Fij, Synpics, Cdeps) ainsi que des structures syndicales ont pris part hier, à la journée de mobilisation et de solidarité organisée en guise de soutien aux travailleurs de l’Agence de Presse Sénégalaise (Aps) qui sont en grève depuis 10 jours. Les manifestants ont tous arboré des Tshirt, des foulards et des brassards rouges pour manifester leur amertume. «En janvier 2019, l’Aps aura 60 ans, elle a traversé tous les régimes politiques, mais elle n’a pas évolué, sa mission reste la même. Elle ne sert qu’aux populations à qui, sa production est destinée», s’éructe de rage Bamba Kassé, Secrétaire général du Synpics section Aps. Dépité et amer, il estime que la situation va de mal en pis depuis 15 ans. «Très disciplinés, les travailleurs n’ont jamais voulu s’inscrire dans une escalade, ils ont toujours compté sur le sens de la responsabilité des autorités qui doivent prendre les décisions. Malheureusement, on s’est rendu compte que c’est la mort programmée de l’Aps qui est en train d’être exécutée», souligne Bamba Kassé.
A la suite de toutes ces actions menées par les différents bureaux du Synpics maison, renseigne le responsable syndical, une autre étape est entamée. «Avec la collaboration de tous les travailleurs, nous avons décidé cette année de mettre en place un plan de lutte pour nous certes, mais aussi pour l’outil. Parce que même si nous partons demain, l’Aps doit demeurer un outil principal des médias au Sénégal. Sinon, ce sera la porte ouverte à toutes les dérives.
L’Aps doit être au service exclusif des médias d’abord. Donc, quand on se rend compte que cette mission est en train d’être compromise, nous devons nous battre pour sauvegarder notre outil de travail», indique Bamba Kassé. Pourtant, dit-il, le président de la République a donné ordre à son gouvernement d’accélérer le processus de modernisation de l’Aps, mais 9 mois se sont écoulés, et il n’y a toujours pas de changement. «Le problème se situe au niveau du ministère de la Communication qui ne dispose toujours pas de Lettre de Politique sectorielle qui permet au secteur de se développer. On se demande même si les gens ne veulent pas tuer l’Aps. En plus de cela, il y a nos problèmes internes qui se sont exacerbés à tel point qu’aujourd’hui l’Aps n’a pas d’internet. Elle n’a pas de téléphone. La ligne téléphonique a été coupée depuis un an, parce qu’on a des dettes vis-à-vis de la Sonatel. Nous estimons qu’il y a du mépris par rapport à notre situation. 40 personnes ont été déflatées, il y a un mois, et personne n’a bougé. Cela dénote d’un manque de considération», tonne le Secrétaire général du Synpics Section Aps.
D’où leur décision d’enclencher ce mouvement d’humeur. «Le ministre nous a reçus vendredi, mais jusqu’à présent, nous attendons la concrétisation de ses engagements. Nous demandons à ce que l’Agence retrouve un minimum de fonctionnalité d’ici la fin de l’exercice en cours. L’agence doit être restructurée, plus performante pour qu’elle soit mieux au service de la presse et des populations». Bouillonnant de colère devant la situation chaotique que traverse l’Aps, le Secrétaire général du Synpics Ibrahima Khaliloulah Ndiaye a magnifié la forte mobilisation.
Toutefois, il déplore le mutisme des autorités. «Tout le monde épouse aujourd’hui la cause de l’Aps de façon particulière, mais surtout la cause de la presse de façon générale. On constate que du dilatoire s’est installé depuis longtemps. On a tout essayé avec ces autorités, mais jusqu’à présent nous ne parvenons pas à faire retrouver à l’Aps sa dignité. Or, l’Aps devait être la mamelle nourricière de toute la presse Sénégalaise», affirme Ibrahima Khaliloulah Ndiaye.