LE DÉBAT SUR L'IMMUNITÉ PARLEMENTAIRE DE KHALIFA SALL EN EXERGUE
Revue de presse Sénégal
La livraison de vendredi de la presse quotidienne revient en détail sur un sujet évoqué la veille par les journaux, à savoir la question de la levée de l’immunité parlementaire du maire de Dakar Khalifa Sall, en détention depuis le 7 mars dernier mais pourtant élu député à l’issue des législatives du 30 juillet dernier.
"Khalifa Sall l’immunité à problèmes", affiche le quotidien L’Observateur en des termes qui a le mérite de poser le débat qui a jusque-là animer le champ politique sénégalais, celui de savoir si l’édile de la capitale sénégalaise devrait bénéficier ou non de l’immunité parlementaire.
M. Sall, en détention depuis le 7 mars dernier pour des soupçons de mauvaise gestion, a pourtant été investi aux dernières législatives et élu député pour le compte d’une des principales coalitions de l’opposition, "Mankoo Wattu Senegaal" dont il était la tête de liste nationale.
Mais même élu, il n’a pu participer à la rentrée solennelle de la 13e législature de l’Assemblée nationale, ses différentes demandes de liberté provisoire ayant été toutes rejetées par la justice.
"Le pouvoir reconnaît au député ce qu’il lui a toujours refusé", avec la demande de levée de l’immunité parlementaire de Khalifa Sall adressée par le parquet à l’Assemblée, note L’Observateur.
"Après le requête du procureur de la République, certains continuent de penser que l’acquisition de l’immunité parlementaire rend la détention du maire de Dakar arbitraire. Tandis que la chancellerie requiert encore cette détention que l’immunité ne peut révoquer", écrit le journal.
"Après avoir longtemps estimé que Khalifa Sall ne peut se prévaloir d’une immunité parlementaire, au motif que les faits pour lesquels il est poursuivi sont antérieurs à son arrestation, le pouvoir change de fusil d’épaule", note Walfquotidien.
Le même journal ajoute : "La demande de levée de l’immunité parlementaire du maire de Dakar, adressée à l’Assemblée nationale, n’est ni plus ni moins qu’une mesure de précaution prise par le parquet aux fins de déjouer tout obstacle au jugement du maire de Dakar".
Les partisans de Khalifa Sall n’ont donc cesse de relever "les +contradictions+ du parquet", souligne Vox Populi. De son côté, l’opposition "lève les boucliers", signale Sud Quotidien.
Le journal cite par exemple le député de Rewmi, Déthié Fall, selon qui "dès lors que le procureur accepte son immunité, il n’y plus de raison de le maintenir en prison".
Suffisant pour que Déthié Fall "accuse ainsi le régime +d’acharnement+ et +d’incohérence totale+", rapporte Sud Quotidien qui recueille la réaction, sur le sujet, d’autres personnalités de l’opposition telles que El Hadj Issa Sall du parti de l’unité et du rassemblement (PUR) et Cheikh Abdou Mbacké Bara Dolly, député de "Wattu Senegaal".
Le premier plaide pour l’arrêt des poursuites contre Khalifa Sall là où Cheikh Abdou Mbacké Bara Dolly appelle ses collègues députés à ne pas voter la levée de l’immunité parlementaire de l’édile de Dakar.
Enquête, se basant sur "toute l’incohérence du parquet" dans ce dossier, pose une question cocasse : la commission ad hoc de l’Assemblée nationale, dans l’obligation d’entendre le député pour la levée de son immunité parlementaire, "va-t-elle se déplacer à Rebeuss ou demander sa libération ?"
"C’est une tentative de liquider un potentiel adversaire politique pour les prochaines joutes électorales de 2019. Depuis que Khalifa Sall a été élu député, on a évoqué la loi constitutionnelle pour dire que le maire de Dakar ne peut être poursuivi en justice", en vain, relève Me Ciré Clédor Ly, avocat de Khalifa Sall, dans des propos rapportés par Le Témoin quotidien.
"On est prêt pour le procès de notre client. Mais que l’opinion publique sache que la manière de procéder dans l’affaire Khalifa Sall repose plus sur la force que sur le droit", ajoute Me Ly.
Outre ce sujet, des quotidiens reviennent sur le financement du second Compact pour le Sénégal, dans le cadre du Millenium Chalenge Corporation (MCC), un programme d’appui bilatéral instauré aux Etats-Unis et se déclinant sous forme de dons du peuple américain à des pays jugés éligibles.
"Le MCA revient avec énergie", affiche le journal Le Quotidien, pour dire que les autorités sénégalaises "vont soumettre à l’approbation du Congrès américain, des projets portant sur la diversification des sources d’énergie et un meilleur accès à l’électricité".
"Après les routes dans le nord, le sud le sud-est", pour le compte du premier Compact, "c’est au tour de l’énergie", souligne Enquête. "Si tout se passe bien, le Sénégal pourrait décrocher la signature d’un nouveau Compact en décembre 2018, de 815 millions de dollars (289.106.251.378 FCFA) avec l’accès à l’énergie comme défi", précise le journal.
Le MCC, initié en 2002 sous le régime du président Georges Bush, est devenu opérationnel en 2004, cadre dans lequel le Sénégal avait bénéficié d’un premier programme déclinée en Millénium Challenge Account (MCA) et qui avait porté sur des secteurs prioritaires comme les infrastructures et le social.
D’un montant global de 270 milliards de francs CFA, ce premier Compact du MCA a impacté sur plus d’un million de personnes bénéficiaires, soit environ 138.000 ménages. Il avait financé, entre 2004 et 2015, une vingtaine de projets visant à accélérer la croissance pour réduire la pauvreté.
Le Soleil revient sur les conclusions du séminaire gouvernemental présidé jeudi au palais de la république par le chef de l’Etat Macky Sall, à l’occasion duquel les ministres ont été "invités à plus d’organisation et de méthode", pour "une gouvernance axée sur des résultats".
L’As retient que le président Macky Sall "impose un dress-code à son gouvernement", costume sombre ou grand boubou blanc exigé des ministres.