LA TFM VA-T-ELLE DIFFUSER LES DEUX DERNIERS MATCHS DU MONDIAL ?
Le conflit entre la RTS et le groupe de Youssou N’Dour a franchi une nouvelle étape le 11 juillet
À deux matchs de la fin du Mondial de football, le conflit entre la Radiodiffusion télévision sénégalaise (RTS), un organisme public, et le groupe Futurs médias (GFM) du chanteur Youssou N’Dour a franchi une nouvelle étape le 11 juillet.
La TFM va-t-elle diffuser les deux derniers matchs de la Coupe du monde ? Depuis plusieurs semaines, la RTS s’oppose au groupe audiovisuel de Youssou N’Dour au sujet des droits de diffusion du Mondial 2018. Car l’organisme public estime être l’unique acquéreur des droits non exclusifs de retransmission terrestre au Sénégal de la compétition de football.
En août 2017, la RTS avait signé un contrat de 380 000 euros auprès d’Econet, la seule société habilitée par la Fifa pour commercialiser les droits de diffusion du Mondial en Afrique subsaharienne. Mais la même société, via sa filiale Kwesé Free Sports (KFS), a également conclu deux autres contrats avec le groupe Futurs médias.
« De sérieuses violations »
Signé fin septembre 2017, le premier contrat prévoyait la diffusion en continu des programmes de KFS sur L’Obs TV, la chaîne satellitaire de GFM, tandis que le second portait sur la diffusion des 32 rencontres de la Coupe du monde. Un contrat conclu par l’intermédiaire d’African Networks TV (ANTV), une société basée à Paris, chargée par Econet de développer des partenariats en Afrique subsaharienne pour la diffusion de KFS.
« Illégal et frauduleux », estime Racine Talla, le directeur général de la RTS, dans un courrier au directeur juridique d’Econet, Philip Leavesley, daté du 11 juillet. Le patron de la chaîne nationale sénégalaise dit en effet avoir reçu, le 27 mars, l’engagement officiel par Econet que la RTS et Kwese Free Sport serait les seules chaînes télévision à diffuser les matchs de la Coupe du monde au Sénégal. « La nature du produit et son prix d’acquisition n’autorisent pas une vente à une chaîne concurrente sur le même territoire et sur le même segment spatial », martèle-t-il.
De plus, selon Racine Talla, GFM n’aurait déboursé seulement 120 000 euros pour un pack comprenant également le championnat anglais de football et celui de la NBA – soit le tiers de la somme engagée par la RTS.
Dans une missive datée elle aussi du 11 juillet, Econet informe le Conseil national de régulation de l’audiovisuel sénégalais (CNRA) de l’envoi d’une lettre de résiliation à ANTV SAS, et le prie de considérer toute diffusion des prochains matchs comme « un acte de piratage ». En cause ? « De sérieuses violations de notre accord la Coupe du monde Fifa 2018 ». La société sud-africaine, qui ne détaille pas les violations en question, indique avoir demandé à son désormais ex-partenaire de « cesser toute retransmission » de la compétition, notamment pour la TFM.
« Stopper le piratage du signal »
Signée par le directeur juridique d’Econet, Philip Leavesley, la lettre confirme la désactivation de la carte des paramètres d’accès d’ANTV SAS, censée empêcher la retransmission des matchs. Il s’agissait là d’une des revendications du groupe RTS, qui menaçait de porter l’affaire devant les tribunaux si rien n’était fait.
La demi-finale Croatie-Angleterre de ce même 11 juillet a pourtant bel et bien été diffusée sur TFM, « grâce à des moyens non autorisés et en dépit de nos actions », précise Econet, qui réclame désormais l’assistance du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) « pour stopper le piratage du signal de la Coupe du monde 2018 par l’ANTV SAS et la TFM à l’intérieur du Sénégal ».
Contacté par Jeune Afrique, le groupe Futurs médias n’était pas joignable vendredi pour répondre à nos questions.