LE CNRA EPINGLE LES REVUES DE PRESSE ET LES REPORTAGES SUR LA LUTTE
Le Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA) bannit le comportement de certains journalistes et autres animateurs du milieu audiovisuel
Le Collège du CNRA s’est réuni le 26 avril dernier pour délibérer et rendre public son avis trimestriel (janvier-février-mars 2018) sur les programmes audiovisuels au Sénégal. De nombreux manquements et autres dysfonctionnements ont été constatés particulièrement sur la revue de presse, la manière de couvrir certains combats de lutte et le traitement des informations portant sur les femmes et les enfants.
Le Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA) bannit le comportement de certains journalistes et autres animateurs du milieu audiovisuel. Il s’agit particulièrement de l’attitude de certains journalistes spécialistes de revue de la presse et reporters de lutte qui, selon le CNRA, transgressent les règles d’éthique et de déontologie qui régissent la profession de journaliste. Le Collège des conseillers du CNRA déplore en effet les propos laudatifs et/ou politiques lors de la couverture des combats de lutte et/ou d’autres émissions culturelles ou sportives. En ce qui concerne la revue de presse, certainement le genre journalistique le plus adulé des Sénégalais, l’organe de régulation de l’audiovisuel a décrié le fait que durant la revue de presse, certains médias en reprenant systématiquement des termes empruntés à la presse écrite, participent à l’amplification des propos et d’attitudes inappropriés… Hormis la théâtralisation de la revue de presse, le CNRA a relevé d’autres manquements à l’éthique et à la déontologie comme le non respect de la vie privée, de l’honneur et de l’intégrité de la personne humaine.
L’EMISSION «JAKAARLO BI» SUR LA TFM EPINGLEE
Le collège des conseillers du CNRA a, par ailleurs, dénoncé la diffusion de propos dévalorisant portés sur la femme. «Le plateau d’une émission de télévision a servi de relais à un chroniqueur qui y a affirmé avec une grande énergie, pour justifier les cas de viols dont sont victimes les femmes, que ces dernières sont les responsables de leur propre viol, à cause de leurs choix vestimentaires ou de leurs aspects physique», note-t-on dans l’avis du CNRA parvenue à «L’As». Ce constat renvoie aux propos du professeur Songde Diouf dans l’émission Jakaarlo sur la TFM qui à l’époque avaient défrayé la chronique avec à la clef une action judiciaire contre le professeur. Le CNRA a également attiré l’attention sur le non-respect du pluralisme politique et de l’équilibre dans le traitement de l’information. Il en est ainsi entre autres, de la diffusion de meetings politiques sans prendre en considération les chartes d’éthique liées à l’expression de la diversité et l’égalité d’accès à l’antenne, du déséquilibre persistant noté dans le traitement de l’information aussi bien dans l’audiovisuel public que privé en violation de l’alinéa 2 de l’article 15 de la loi n° 2006-04 du 04 janvier 2006. Les services de Babacar Touré ont aussi déploré la violation de l’obligation de sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence dans les contenus des programmes et celle du respect de l’honneur et de l’intégrité de la personne humaine proclamées par les articles 7 et 9 de la loi 2006-04 du 04 janvier 2006 portant création du CNRA.
L’avis trimestriel du CNRA dénonce dans la même foulée la diffusion, sur de longues plages horaires, d’émissions de voyance notamment à la radio. De même, il déplore le caractère permanant de la publicité commerciale déguisée à travers des émissions de télévisions. Recommandations du CNRA Après avoir dressé la liste des différents manquements, le Collège des Conseillers du CNRA a estimé que les médias audiovisuels, de par leurs actions programmatiques au quotidien, se doivent de contribuer en toute responsabilité au développement d’une conscience citoyenne collective par l’information, l’éducation et le divertissement des publics. Au chapitre des recommandations, le Cnra insiste sur la nécessité de respecter les principes d’équilibre, d’équité et de pluralisme tel que l’accès équitable des partis politiques, des syndicats et des organisations reconnues de la société civile aux médias audiovisuels ainsi que le respect par ceux-ci de la diversité culturelle et linguistique dans leur programmation.
Toujours parmi les recommandations ont peut citer : «Plus de rigueur et de vigilance des professionnels dans la présentation des revues de presse, dans la conduite de débats en direct pour éviter notamment de porter atteinte aux institutions et à la dignité de la personne humaine. De même, veiller à ce que les émissions de «Voyance» n’exploitent pas la crédulité des populations et qu’elles respectent strictement les dispositions relatives à l’obligation d’indication du coût des appels sur un serveur et des envois de SMS vers des numéros courts. Observer strictement les règles d’éthique et de déontologie sur les plateaux de télévision, conformément aux dispositions de la loi du 2006-04 du 04 janvier 20016 portant création du CNRA et aux stipulations des cahiers de charges applicables aux titulaires d’une autorisation d’exploitation d’un service audiovisuel. Veiller au respect des dispositions de l’article 10 de la Constitution, aux termes desquelles, chacun a le droit d’exprimer librement ses opinions, pourvu que l’exercice de ce droit ne porte pas atteinte à l’ordre public, à l’honneur, à la considération d’autrui, ainsi qu’aux convictions religieuses, philosophiques, etc».
Il faut noter, en outre, que le service de monitoring du CNRA a procédé à un échantillonnage portant sur 2096 programmes audiovisuels, selon la langue utilisée, le format des programmes, la thématique abordée. Pour les radios, le monitoring a suivi 894 émissions diffusées sur les stations de radio en bande FM. «Le wolof reste toujours la langue la plus usitée. Il est le support de 63,20 % des programmes (contre 64,71 % lors du dernier trimestre 2017), devant le français qui fait 36,69%». Pour les télévisions, les services du monitoring ont suivi 967 émissions de télévision. A l’instar des radios, le «wolof» est la langue la plus utilisée dans les programmes de télévision, avec un taux relatif s’élevant à 45,09 %, devant le français utilisé dans 44,76% des émissions.