LE DIRECTEUR GÉNÉRAL DU SOLEIL APPELLE À BANNIR L’ÉVITEMENT
Décrispation des rapports entre les médias et les forces de sécurité
C’est un secret de polichinelle. Les journalistes et les forces de défense se regardent en chien de faïence. Ils sont dans deux extrémités. Les premiers veulent tout dévoiler et les seconds tout taire. Du coup, leurs rapports sont conflictuels. Pour instaurer un climat de confiance, le directeur général du « Soleil » Cheikh Thiam préconise un changement de paradigme.
Le directeur général du quotidien national « Le Soleil » Cheikh Thiam préconise un changement de paradigme pour huiler les rapports entre les médias et les forces de défense et de sécurité. Il constate une certaine méfiance dans les relations entre ces deux entités qu’il qualifie de « crise de confiance ». Ainsi, il recommande de bannir l’évitement qui consiste à nier les faits, d’éviter la diversion, l’obstruction, etc.
M. Thiam faisait une communication, mardi dernier, lors du « Petit déjeuner des Médias » organisé par le Centre des Hautes études de défense et de sécurité sur le thème: « Médias, Défense et Sécurité ». Ont pris par à cette rencontre des éditeurs de presse, des responsables des structure telles que l’Institut Panos, le Cored, mais aussi des officiers de l’Armée, de la Police et des Douanes. Ils étaient au total 40 participants.
Le directeur général du « Soleil » a axé son intervention sur les enjeux de la communication de crise car, dit-il, elle est globale et permet d’aborder toutes les situations caractérisées par la contradiction, l’incertitude, la peur, etc. Il s’agit, selon lui, de définir les attitudes de chacun des acteurs que sont les médias et des forces de défense et de sécurité, face à ces situations.
Pour Cheikh Thiam, cette relation de confiance doit se construire en amont et doit être entretenue afin qu’en situation de crise, les entités que sont les médias et les forces de défense puissent se parler et échanger sans qu’il n’y ait aucun soupçon de manipulation ou de diversion.
Le patron de la Société de presse et publication du Sénégal (Sspp) a également abordé la question du traitement de l’information sécuritaire par les journalistes qui, précise-t-il, se trouvent souvent dans un dilemme, entre devoir d’informer et soucis de démoraliser les troupes. Sous ce registre, M. Thiam a appelé les hommes de médias à s’inspirer du traitement fait par les journalistes lors des événements du 11 septembre aux Etats-Unis, avec l’attaque du World Street center et ceux du 13 novembre en France, lors de la frappe du Bataclan au cœur de Paris.
Cependant, il a relevé qu’il ne s’agit pas pour les journalistes d’agir selon les désidérata des forces de défense, mais de ne pas franchir les limites qu’imposent le respect de la dignité des victimes et la préservation de la sécurité nationale.
« Maintenir le Sénégal en sécurité et en paix »
Pour sa part, le Général de brigade Paul Ndiaye, directeur général du Centre des hautes études de défense et sécurité (Cheds), a souligné que le centre est institué pour satisfaire les besoins de l’Etat en connaissance et expertise sur des questions d’ordre stratégique liées à la sécurité, à la politique étrangère, à la science, à la technologie et aux phénomènes économiques et sociaux.
« Avec le programme médias du Cheds, les autorités du Sénégal avaient déjà fait preuve d’anticipation en traduisant dans les faits ce désir de mettre toutes les forces vives de la Nation au service de la création d’environnement mettant les populations à l’abri de la peur, du besoin », a soutenu le Général Paul Ndiaye.
Selon lui, le thème « Médias, Défense et Sécurité » permet de mieux explorer des pistes pour que les hommes de médias avec leurs différents supports puissent aussi répondre à ces exigences vitales. « Nous travaillerons ensemble pour soutenir le courage là où il y a la peur afin d’encourager la négociation là où il y a le conflit, tout en redonnant espoir là où règne le désespoir», a-t-il déclaré, citant Nelson Mandela. Le patron du Cheds s’est dit « profondément convaincu qu’ensemble, dans le respect de nos identités et missions, nous pourrons contribuer à faire régner la sécurité et la paix au Sénégal ».
Relation de confiance
De son côté, le Dr Christiane Agboton Johnson, conseiller spécial du Cheds, a noté que l’objectif du Programme Médias du Cheds est de contribuer à faire des médias des vecteurs de changement sur la thématique de la défense et de la sécurité. Selon elle, aborder le thème « Médias, Défense et Sécurité », « c’est explorer un peu plus les adaptations nécessaires à tous les acteurs pour faire face aux menaces et risques qui surgissent et minent littéralement notre vie quotidienne. Et surtout faire des propositions réalistes qui, nous l’espérons, nous guideront vers un peu plus de sécurité, de paix et, oserais-je le dire, de sérénité ».
A sa suite, les participants ont tous salué cette initiative, qui, disent-ils, permettra d’installer cette relation de confiance. Toutefois, ils ont insisté sur la nécessité d’inclure les populations dans ce dialogue.
Les débats ont été suivis par la cérémonie de remise d’attestations aux auditeurs du « Programme des 20H des médias » . Elle a été l’occasion pour Mme Eugénie Aw Ndiaye, coordonnatrice du programme, de féliciter les intervenants et la quinzaine d’auditeurs qui, grâce à ce programme, ont vu leurs capacités en défense et sécurité renforcées.
En effet, l’objectif du programme qui s’est déroulé en novembre était d’analyser le rôle nouveau et complexe des médias et de divers instruments de communication pour traiter des crises de manière équilibrée et juste tout en développant un intérêt pour la promotion de la défense et de la sécurité.