LES ÉCOLES DE JOURNALISME FRANCOPHONES POSENT LE DÉBAT SUR LA RÉCURRENCE DES CRISES
Les crises environnementales et sanitaires qui menacent la planète ont mis en évidence l’importance des journalistes spécialisés en sciences et santé (JSSS)
Les crises environnementales et sanitaires qui menacent la planète ont mis en évidence l’importance des journalistes spécialisés en sciences et santé (JSSS). Ce secteur est en croissance depuis les années 90 à travers le traitement éditorial du thème de l’environnement, des progrès de la médecine et de développement technologique. La crise actuelle du Covid-19 a accéléré le phénomène. Elle a révélé la réalité de la discussion scientifique et une absence de vérité unique et indiscutable. La vision du sachant et du profane, du message obligatoirement circulant à sens unique est remise en question. Voilà tout le sens du thème du colloque organisé par le Réseau Théophraste des écoles de journalisme de l’espace francophone sur le thème « Le nécessaire journalisme scientifique ».
La science a d’importantes retombées sociales économiques, politiques et soulève fréquemment des enjeux moraux et éthiques (euthanasie, clonage, consentement éclairé pour certaines recherches et thérapies innovantes, acharnement thérapeutique, etc.). L’apparition de la pandémie à Coronavirus a montré que les médias devaient davantage s’intéresser à la science afin de bien aborder les articles à caractère scientifiques.
Au cours d’un colloque sur le thème : « Le nécessaire journalisme scientifique’’, organisé par le réseau Théophraste, en collaboration avec le Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’Information (CESTI), Jean-François Raskin, président du Réseau a assuré que même si le temps de la science n’était pas celui des médias, aujourd’hui, les deux avaient besoin de s’adapter selon les attentes du marché de l’information. « Il y a aujourd’hui une urgence à avoir des médiateurs entre le monde scientifique et le grand public. C’est aussi une exigence démocratique. Il y a une difficulté aujourd’hui qui est dans la formation même, dans la compétence des journalistes… qui sont des débats essentiels et fondamentaux qui font appel à des sujets, des savoirs qui sont complexes », a assuré Jean François Raskin, président du réseau Théophraste, qui regroupe 23 écoles de journalisme dans 13 pays. Alors, insiste M. Raskin, les formations offertes actuellement doivent répondre aux nouvelles exigences et contraintes du métier, parce que, dit-il, « notre avenir et celui de l’humanité, c’est aussi une question scientifique ».
D’ailleurs souligne le président sortant du réseau Théophraste, « les grands défis d’aujourd’hui, notamment les changements climatiques, la pandémie, les problèmes de transformation des ressources naturelles, de l’énergie demandent aux médiateurs d’avoir des connaissances suffisantes pour pouvoir faire l’interface entre les experts qui, on l’a vu pendant la pandémie, n’étaient pas toujours d’accord et il y avait des débats d’experts ». Il s’agira, de ce fait, de voir comment faire le tri, comment séparer ce qui est scientifique et ce que l’est moins. Or, fait remarquer M. Raskin, « on a en face de nous des experts qui sont diplômés, qui font de la recherche, qui font de la science tous les jours mais qui ne sont pas d’accord ». Il s’interroge alors : « comment être le bon intermédiaire, le bon médiateur entre ces experts et le grand public ? » Une nouvelle génération de journalistes, une urgence dans un monde en perpétuelle mutation. « Soit on forme des journalistes qui sont des journalistes scientifiques, et on peut très bien le faire parce qu’il y a des pistes qui existent. Soit on prend des scientifiques qui ont envie de faire du journalisme et qu’on les forme à ce métier. Ils seraient donc spécialisés dans des domaines bien spécifiques. Il y a donc des pistes qui existent et j’ai du mal à penser qu’on peut former des journalistes scientifiques parce que les journalistes viennent en général du monde des sciences humaines, de la littérature, de la sociologie, des sciences politiques. Mais on a peu de candidats qui viennent du monde des sciences pures comme les mathématiciens, les physiciens, les biologistes, les médecins.
Mais peut-être qu’il y en a qui ont envie d’apprendre à être journalistes », explique M. Raskin. Il ajoute : « Il faut créer de nouvelles formations pour ces personnes qui deviendraient une sorte de spécialistes des questions scientifiques à côté de ce qu’on connait tous dans nos rédactions, des spécialistes des questions de politique, de politique internationale, etc. Et on pourrait effectivement former des scientifiques au métier de journaliste ».