LES MÉDIAS SOLLICITENT L'APPUI DE L’ETAT FACE AUX CONSÉQUENCES DU COVID-19
‘’Aujourd’hui, en ce qui concerne la presse écrite, la publicité est en train de chuter. Certains lecteurs, même s’il y a un besoin d’information, refusent de toucher le journal, car ils pensent que le papier peut être un vecteur de transmission du virus"
Les patrons de presse ont plaidé jeudi auprès du ministre de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop, pour une aide financière en faveur des médias, en vue de les aider à faire face aux conséquences de la propagation du Covid-19.
’’Cette maladie, plus qu’Ebola est un peu particulier, parce qu’elle paralyse tous les secteurs d’activité’’, a déclaré le président du Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (CDEPS), Mamadou Ibra Kane, lors d’une rencontre d’échanges sur la maladie avec les représentants des organes de presse.
Le propriétaire des journaux sportifs ‘’Stades’’ et ‘’Sunu Lamb’’ avertit que la presse ne sera pas épargnée par les conséquences de la propagation du Covid-19 qui a touché le Sénégal depuis le 2 mars, avec au jour d’aujourd’hui 36 cas positifs recensés.
‘’Aujourd’hui, en ce qui concerne la presse écrite, la publicité est en train de chuter. Certains lecteurs, même s’il y a un besoin d’information, refusent de toucher le journal, car ils pensent que le papier peut être un vecteur de transmission du virus. Ce qui veut dire qu’elle va souffrir des ventes ’’, a-t-il alerté.
Il indique que ‘’les conditions de travail sont aujourd’hui très difficiles’’. Ainsi, pour respecter les barrières sanitaires, les responsables des médias doivent assurer le transport des journalistes et des autres travailleurs du secteur.
‘’Même si le transport public est nécessaire, il ne remplit pas les conditions normales pour respecter les barrières indiquées pour lutter contre la transmission du virus’’, a expliqué le patron de la Société africaine de communication (AFRICOM). Compte tenu de cela, il pense que ‘’l’Etat du Sénégal doit venir en aide aux organes de presse, comme dans d’autres secteurs de l’activité économique pour un peu faciliter la gestion des entreprises de presse’’.
Il annonce que certaines entreprises de presse pourraient envoyer leurs employés au chômage technique ou autoriser des congés exceptionnels pour une partie du personnel. Mamadou Ibra Kane précise que certains patrons seront obligés de le faire, du fait de leurs difficultés à assurer les charges en matière de transport et d’hygiène.
‘’Ce sont des difficultés économiques auxquelles nous seront confrontées. Je pense même qu’il faudra distribuer l’aide à la presse et revoir le montant de manière substantielle. Des mesures fiscales aussi peuvent être apportées au secteur de la presse’’, dit-il.
Le Directeur général de la RTS, Racine Talla, a abondé dans le même sens, en affirmant que ‘’c’est tout à fait légal pour la presse de réclamer de façon légitime sa part dans le budget consacré à la lutte contre le Covid-19’’.
‘’On doit appuyer tous les organes de presse, surtout privés, qui voient toute leur grille de programme perturbée du fait du coronavirus’’, a lancé M. Talla, faisant valoir que ‘’l’information reste la première denrée de consommation actuellement’’. Il soutient que l’opinion fait tout pour avoir les dernières informations sur la propagation de la maladie.
Pour sa part, le Directeur de l’information du Groupe Futurs Médias (GFM, privé), Souleymane Niang, évoque ‘’la vulnérabilité économique des différentes entreprises de presse’’. ‘’Nous ne demandons pas des choses exceptionnelles, mais juste que le secteur de la presse soit pris en charge et dans l’immédiat. Il faut imaginer les mécanismes qui permettent d’assurer la survie de ce secteur qui est vital dans le combat contre le Covid-19’’, a-t-il lancé.
En réponse à cette demande, le ministre de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop, a rappelé que l’urgence est d’abord d’’’assurer la protection des patients’’. ‘’Une fois qu’on arrivera à régler ce problème, on aura la capacité de faire face à l’aide et à l’accompagnement de la presse’’, a-t-il dit.
Il annonce une rencontre restreinte avec le ministère des Finances afin de voir ce qui pourra être fait de manière urgente.