«ON A UNE SORTE DE DUMPING SUR LA PUBLICITE AU SENEGAL»
Babacar Diagne, président du Cnra
Le conseil national de Régulation de l’audiovisuel (Cnra) a procédé, hier, à l’installation de ses huit nouveaux membres représentant différentes couches sociales. ainsi, le président de la structure Babacar Diagne a annoncé que le Cnra va mettre le paquet sur la formation des jeunes reporters en vue de la présidentielle de 2019. Il s’est également prononcé sur la manière dont les tarifs publicitaires sont fixés par les médias.
Les huit nouveaux membres du Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA) ont été installés hier dans leurs fonctions. Il s’agit du sociologue Djiby Diakhaté, du journaliste Ibrahima Sané représentant le troisième âge, de Pape Faye du milieu des Arts, d’Alioune Badara Bèye au nom des hommes de Lettres, de Khadim Diop représentant de la jeunesse, de Lucky Patrick Mendy qui représente les professionnels de la communication, de Ndèye Marième Diedhiou pour les associations féminines et de Mame Balla Guèye pour le compte des mouvements des Droits de l’homme.
De l’avis de Babacar Diagne, c’est une équipe composée de gens qui connaissent le monde de l’audiovisuel et de la société sénégalaise. «Ils ont du pain sur la planche car un gros travail les attend», a indiqué le président du CNRA. Même s’il existe de grands groupes de presse dans le pays, souligne l’ancien directeur général de la Radiodiffusion Télévision Sénégalaise (RTS), les membres du CNRA sont tenus d’aller à la base, signer des conventions et faire comme cela se passe dans d’autres pays, publier les contrats publicitaires. «Ici, on ne sait pas sur quelle base les tarifs publicitaires sont faits. Nous avons une sorte de dumping dans ce secteur», indique-t-il. Sur un autre registre, Babacar Diagne estime qu’il n’existe pas d’institut de sondage au Sénégal. C’est pourquoi il est impossible de faire un sondage crédible.
Pourtant, soutient M. Diagne, c’est sur la base de sondages que les parts de marché sont distribuées. «Ils sont faits sous l’égide du régulateur et sont acceptés par tout le monde», affirme l’ancien Dg de la Rts. Le Cnra, de l’avis de son président, devra maintenant s’attaquer à une de ses priorités consistant à avoir des élections apaisées pour les journalistes. D’où la une tournée nationale effectuée par le Cnra pour armer les jeunes reporters. «Notre métier est important, mais il est en danger car nous sommes facilement manipulables», relève Babacar Diagne. Pour l’ancien ambassadeur du Sénégal en Gambie, le reporter doit être bien armé avant d’aller couvrir une élection. Cela lui permettra de savoir où aller pour avoir des résultats et lui évitera de commettre des erreurs.
Au sortir de la présidentielle de février 2019, le CNRA va s’intéresser à d’autres questions relatives aux radios communautaires, aux câblodistributeurs ainsi qu’aux conventions et aux cahiers de charges qui nécessitent des discussions avec les responsables de groupe de presse. Sur les dérives souvent notées dans l’espace audiovisuel, Babacar Diagne pense qu’il faut toujours dialoguer, mais pas de manière éternelle. Avec le développement du secteur, indique-t-il, le Sénégal doit avoir un espace audiovisuel majeur comme cela existe ailleurs et éviter le chaos. «Il faut aussi former ceux qui diffusent les contenus télévisuels», lance-t-il.