AU MALI ET POUR LE MALI, NOUS FAISONS FAUSSE ROUTE
Le meilleur service que la CEDEAO puisse rendre à la sous-région et à l’Afrique, c’est de permettre - enfin - l'avènement d'une nouvelle république, un nouveau forme d'Etat dans le pays : l'Etat fédéral
Tout, au Mali et dans le Mali, parle et raisonne en Etat fédéral plutôt qu’en État unitaire, centralisé, jacobin et accapareur. Le problème fondamental du Mali et au Mali, c'est le refus de ses classes dirigeantes de voir la réalité en face : le Mali, de par sa trajectoire historique, de par sa vocation, de par sa dimension géographique et de par sa composition ethnographique, est par essence et par existence, un Etat fédéral et non un Etat centralisé. C’est donc le fait de toujours repousser l’avènement de l’Etat fédéral du Mali (Etat fédéral du Malikura), qui est à l'origine de tous les maux au Mali, davantage que les différents régimes - civil et militaires - qui se sont succédé.
Le Mali n'a plus besoin d’une réformation et des réformes, parce que les réformes sont le propre d'un Etat jacobin et centralisé. Le Mali a plus besoin d'une refondation, pour passer de la rupture épistémologique ‘’d’un Mali pour soi’’ vers ‘’un Mali en soi’’, parce que la refondation est le propre pour aller vers une Etat fédéral au Mali.
Les présidents Modibo Keita, Alpha Omar Konaré, Amadou Toumani Touré, Dioncounda Traoré, Ibrahima Boubacar Keita, - des présidents civils -, ont tous engagés des réformes de toutes sortes, mais le Mali n'est pas sorti de l'ornière. Les présidents Moussa Traoré, Amadou Sanogo, Amadou Toumani Touré - des présidents militaires -, ont aussi pris des initiatives et mené des actions, mais le Mali n'est pas toujours sorti de l'ornière.
C’est pourquoi au Think Tank Africa WorldWide Group, nous croyons dur comme fer que le problème du Mali et au Mali, l'avenir du Mali et au Mali, n'est pas une affaire de régime civil ou militaire à la tête de la transition, que le problème au Mali et du Mali, n'est pas l'organisation d'une élection présidentielle. Loin s'en faut. Le problème au Mali et du Mali,- que nous aimons tant -, réside en son modèle d’Etat, à sa gouvernance (trop) centralisée. Le meilleur service que la CEDEAO puisse rendre à la sous-région et à l’Afrique, c’est de permettre – enfin - l'avènement d'une toute nouvelle république, d'un tout nouveau forme d'Etat au Mali et pour le Mali : l'Etat fédéral du Mali - le MALIKURA -.
Tant il est vrai que le Mali, de par sa géographie (le Mali s'étend sur une superficie de 1,24 million km²), de par sa position géostratégique et géo-spatiale (au cœur du sahel et frontalier avec 7 pays que sont la Mauritanie à l'Ouest, de l'Algérie au Nord-Nord-Est, le Niger à l'Est, le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire au Sud-Sud-Ouest, la Guinée au Sud-Ouest et du Sénégal à l'Ouest-Sud-Ouest), les distances entre ses grandes villes (1 000 Km entre Bamako et Tombouctou et 1 200 km entre Bamako et Gao), de la diversité de ses groupes ethniques (les Bambara, les Peuls, les Touaregs, les Maures, les Malinkés, les Dogons, les Sénoufos), de son histoire millénaire et de sa trajectoire multiséculaire (le royaume du Mali, de Ségou, du Macina, l’empire Songhaï de Gao), au Mali et pour le Mali, tout parle et raisonne en ‘’Etat fédéral’’.
Nous faisons fausse route, si nous maintenons le Mali et au Mali, le cycle infernal des réformes (élections après élections) et ne pas aller avec et pour les Maliens en tête, vers un référendum pour que les maliennes et les maliens se prononcent pour ou contre un Etat fédéral.
Rester dans les réformes avec comme point de mire, l'organisation de la prochaine élection présidentielle dans une année, c'est être, rester et demeurer toujours dans la culture d’objectif. Par contre, oser la refondation pour le Mali, aller vers un référendum pour rendre possible le fédéralisme, c'est être dans une culture de transformation.
C'est de cela que le Mali a plus besoin. Parce qu'en définitive, ce n'est pas le ‘’Mali en soi’’ qui est en crise mais le ‘’Mali pour soi’’. Et quand le Mali éternue, c'est toute la CEDEAO qui tousse.
Siré Sy est fondateur du Think Tank Africa WorldWide Group