AU SECOURS
Emmanuel Macron est devenu le «sauveur» des Sénégalais de France face au discours de haine qu’ils subissent sans résistance, parce qu’ils n’ont pas le droit de vote et appartiennent à une minorité ethnique visible et sans défense
La France semble avoir retrouvé ses jours heureux. Les bars, restaurants sont remplis et la pandémie est presque derrière nous. Les français respirent mieux mais se préparent à une élection présidentielle étrange avec douze candidats qui représentent les différentes offres politiques, de l’extrême gauche à l’extrême droite.
Les immigrés ne sont pas acteurs dans cette campagne étrange où la guerre en Ukraine est venue rebattre les cartes. Le seul accord entre les candidats est de ne pas s’aventurer à proposer le droit de vote des immigrés aux élections locales, comme François Mitterrand en 1988. Une confusion règne sur la notion d’immigré dans la société française. En effet, ces citoyens, souvent visés, notamment par l’extrême droite, sont des français à part entière et certains d’entre eux, particulièrement les jeunes, nés en France, ne l’ont jamais quittée. C’est tout simplement leur visibilité (couleur de peau) qui les rend étrangers aux yeux des citoyens nostalgiques de la France des années trente. Les footballeurs, grands artistes, sont «labélisés» français à condition qu’ils soient de grands vainqueurs et qu’ils chantent fort l’hymne national.
Dans cette campagne, Emmanuel Macron garde son habit de président de la république, refuse tout débat et n’a fait qu’un seul meeting politique. Il a décliné ses propositions pour les cinq ans à venir devant un parterre de journalistes sous le costume de président-candidat. Il se positionne en chef d’armée et doit se dire : «En temps de guerre, on ne change pas de président de la République». Il bénéficie pour l’instant, de ce que les politologues appellent l’effet drapeau. Il est le favori de tous les sondages; il l’emporterait au deuxième tour, quel que soit le candidat en face.
Tous les prétendants à l’Elysée ont des difficultés à recentrer le débat sur la première préoccupation des français, à savoir le pouvoir d’achat. Les candidats de gauche, souvent sensibles aux problématiques des immigrés, ne trouvent pas le bon «couloir politique» pour attirer le vote de leurs citoyens. La droite dite modérée ne sera vraisemblablement pas au deuxième tour.
Tous les sondages montrent également que l’extrême droite, représentée par Marine Le Pen et Éric Zemmour, totaliserait le vote d’un français sur trois. Rappelons que leurs discours se sont toujours orientés sur l’immigration. Zemmour propose de créer un ministère de re- migration, à la clef, la mise en place des charters et un million d’immigrés expulsés par an, sans dire aux français que le coût d’une expulsion forcée est chiffrée à 13 800€ en moyenne (9 000 000f CFA). (Source rapport parlementaire en 2018).
Par ailleurs, les deux ex-alliés de Poutine se retrouvent dans une position inconfortable pour expliquer aux français que la dictature est le meilleur système politique. Ils surfent sur la peur et désignent les étrangers comme responsables de tous les malheurs de la France. Malgré sa condamnation, Éric Zemmour continue à dire que tous les délinquants sont noirs et arabes, à part peut- être l’ancien maire de Levallois Péret, Patrick Balkany et l’ancien ministre Cahuzac qui ont été condamnés à des peines d’emprisonnement ferme. Monsieur Zemmour a été lui-même délinquant, puisqu’il a été condamné pour racisme.
Les immigrés, enjeu électoral en France, sont «couverts» par les événements dramatiques qui se déroulent en Ukraine, d’autant plus que le candidat d’extrême droite, Zemmour, s’enlise en expliquant qu’il est maintenant favorable à l’accueil des réfugiés parce qu’étant des chrétiens.
Les Sénégalais de France que j’ai pu rencontrer n’abordent pas le débat sereinement et regrettent l’absence de réaction forte de leur chancellerie. Si certains ont un «penchant» pour Mélenchon, ils estiment néanmoins que ce dernier aura de grandes difficultés à se maintenir au deuxième tour. Emmanuel Macron est devenu donc leur «sauveur» face au discours de haine qu’ils subissent sans résistance, parce qu’ils n’ont pas le droit de vote et appartiennent à une minorité ethnique visible et sans défense.